Procès du 28 septembre : « M. Cellou Dalein Diallo avait reçu des coups, il était à terre… », Bah Oury. (Suite)
Imprimer
Affichages : 3683

Note utilisateur: 0 / 5

Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Le témoignage dans la cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry à Kaloum. La semaine dernier l’ex-vice-président de l’UFDG et ancien ministre chargé de la réconciliation nationale sous le régime du CNDD) Bah Oury était à la Bar. Le président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée l’UDRG a relaté en détails le déroulement des faits intervenus au stade de Conakry le 28 septembre 2009.

(Suite de l’article précédent).  

 C'est alors que j'ai aperçu le colonel Thighoro entrant dans le stade. Je l'ai fait signe et il est venu vers nous. Lorsqu'il est arrivé, ceux qui nous agressaient ont cherché autre chose à faire.

À ce moment-là, le colonel Thighoro a pris en charge notre sécurité et a demandé à un garde du corps de M. Sidya Touré de nous aider à sortir M. Cellou Dalein Diallo,

accompagné de Abdoulaye trois (3) de l'enceinte du stade. Nous avons quitté le stade et nous sommes arrivés à une esplanade où un attroupement de jeunes garçons s'était formé. J'ai été choqué de voir un petit garçon lever la main alors qu'un militaire pointait son fusil sur lui. Je ne sais pas ce qu'il est advenu d'eux. L'image qui m'a le plus traumatisé de cette journée n'était pas une violence avérée, c’était le fait qu’un petit garçon a levé la main et il y avait un militaire qui avait un fusil et qui le mettait à genoux.

Nous sommes ensuite montés dans la jeep du colonel Thighoro et nous nous sommes dirigés vers Kaloum. En cours de route, nous avons vu une femme entourée d'hommes en uniforme qui tentaient de la déshabiller. Nous sommes finalement arrivés à la Clinique Ambroise Paré où nous avons fait descendre M. Cellou Diallo, qui était évanoui.

Abdoulaye trois (3), le garde du corps de M. Sidya Touré et moi-même étions lucides et sommes entrés dans la clinique pour aider les médecins. Nous avons été confrontés à un militaire, habillé d'un t-shirt noir et d'un pantalon musclé, armé, accompagné d'un autre soldat portant une ceinture de munitions avec des grenades. Ils ont menacé de lancer une grenade à l'intérieur de la clinique si nous n'étions pas sortis.

 Les médecins ont dû nous aider à reprendre M. Cellou Diallo et nous mettre dans la jeep. Ce qui m'a le plus marqué à ce moment-là, c'est que le colonel Thighoro n'avait pas d'autorité sur eux. Je me suis demandé comment il était possible que des individus donnent des instructions à un colonel sans qu'il puisse réagir.

Le colonel Thighoro nous a finalement emmenés au camp Samory Touré, où nous avons été pris en charge par un médecin militaire, c'était le Dr Bangoura qui, je crois, était le frère de l'ancien colonel Panival, qui nous a pris en charge et nous a soignés.

 À ce moment-là, nous étions trois : moi, El Hadj Cellou et Abdoulaye. Comme j'avais une blessure à la tête et que le bras d'Abdoulaye était cassé, il semblait ne pas avoir pris conscience de sa blessure. Nous nous sommes retrouvés sur la véranda et j'ai suggéré à Abdoulaye qu'il fallait essayer de partir pendant que nous n'étions pas surveillés. Il est donc parti, tandis qu'El Hadj Cellou et moi sommes restés.

À un moment donné, j'ai vu un grand camion militaire rentrer dans le couloir, ce qui m'a intrigué, mais je n'ai pas pu savoir ce qu'il y avait à l'intérieur.

Dans l'après-midi, on nous a demandé de quitter l'infirmerie du camp Samory Touré et on nous a amenés à la clinique Pasteur. C'est là-bas que nous avons appris que tous les autres responsables des forces vives étaient déjà hospitalisés. Nous avons pris contact pour savoir ce qui allait se passer, car depuis la sortie du stade, nous ne savions pas ce qui allait arriver. Pendant deux ou trois jours, nous sommes restés là-bas et avons commencé à reprendre un peu d'espoir. Finalement, pour des circonstances personnelles, je suis resté en Guinée, tandis que d'autres ont été évacués à l'étranger dès leur sortie.

Voilà, peut-être qu'il y a des aspects qui mériteraient d'être explicités, mais c'est comme une introduction générale. Voilà ce qui s'est passé à mon niveau lors de la journée du 28 septembre 2009 ».

Transcrit par: Algassimou Diallo