Libre Opinion : Union des Forces démocratiques de Guinée : L’heure de vérité‏
Imprimer
Affichages : 34642

Note utilisateur: 0 / 5

Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Bah Oury rentre dans une Guinée fragile, qui a enchaîné les crises politique et sanitaire depuis la chute du régime de Lansana Conté, en plus d’être enclavée par des pays en proie à la menace terroriste, notamment au Mali et désormais au Burkina Faso. De son côté, le pouvoir en place vient d’achever cinq ans d’un premier mandat dont le bilan reste mitigé. De nombreuses personnes sont tombées sous les balles lors de manifestations organisées en vue d’obtenir des droits les plus élémentaires comme des élections législatives, qui n’ont finalement eu lieu que trois ans après l’investiture présidentielle. Le quotidien des citoyen-ne-s ne s’est que peu amélioré, et la crise Ébola a achevé de tuer l’activité économique déjà faible de la Guinée. Dans un tel contexte, il est difficile de ne pas voir Bah Oury comme « l’homme de la situation », qui saura donner un nouveau souffle au débat public.

Rappelons que Bah Oury est à l’origine de l’Office Guinéenne des Droits de l’Homme (OGDH) qui, dès 1990, réclamait que les manifestant-e-s ne soient pas réprimé-e-s avec des balles réelles. Il a par la suite été emprisonné par le général Lansana Conté. Fondateur de l’Union des Forces démocratiques de Guinée (UFDG) et Vice-président de ce parti aujourd’hui, il est le seul opposant à avoir été forcé à l’exil par le régime « démocratique » actuel, qui l’a condamné par contumace à de la prison à vie pour « complot et attaque contre le domicile du président de la république » Alpha Condé. Bah Oury bénéficie donc d’un parcours et d’un capital politique solide, ce qui rend son retour nécessaire.

Opposant et interlocuteur crédible face au pouvoir en place, Bah Oury pourra œuvrer efficacement pour la libération des autres prisonniers politiques toujours sous les geôles d’Alpha Condé. Mais il lui faudra également garantir l’unité de son propre parti, ce qui reste un défi majeur car sans cette unité, difficile de proposer une Guinée forte aux citoyen-ne-s si demain elle venait à être dirigée par l’UFDG. L’enjeu de cimenter le parti est crucial pour maintenir la stabilité du pays et même, plus tard, celle de la sous-région.

Il serait dommage que l’UFDG persiste dans une dynamique de rivalités et de luttes intestines plutôt que de tirer parti du retour d’un personnage influent tel que Bah Oury. Le véritable enjeu est de faire avancer le débat public et de proposer des solutions concrètes aux guinnéen-ne-s. Nous espérons que le retour de Bah Oury sera perçu comme une opportunité. C’est l’heure de vérité pour l’UFDG, qui devra avoir les reins assez solides pour ne pas se perdre dans des luttes fratricides et démontrer qu’elle saura rester crédible face au régime en place.  

 

Amadou Diarouga Diallo 

Citoyen Guinéen, Membre de Jeunesse Canada Monde