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Pour l’opposition guinéenne, mercredi 30 et jeudi 31 mars étaient deux journées villes mortes sur toute l’étendue du territoire national. L’objectif était double : faire pression sur le gouvernement guinéen afin qu’il réduise le prix du carburant et, plus globalement, exiger une amélioration des conditions de vie de l’ensemble des Guinéens.

Pourtant, malgré la noblesse des desiderata de l’opposition, force est d’admettre que son mot d’ordre n’a été que peu suivi par le peuple, pour ne pas dire qu’il a massivement été boudé. Conscient de cette réalité, le porte-parole de l’opposition, Aboubacar Sylla, annonça dans un entretien accordé à la radio Lynx FM le 30 mars : « Nous aurons largement le temps de bien communiquer et d’expliquer aux Guinéens que de rester à la maison, n’est pas forcement adhérer à l’UFDG ou à l'UFC ou encore un parti de l’opposition. Mais, c’est pour  lutter tout simplement pour l’amélioration des conditions de vie des Guinéens et le pourvoir d’achat des familles afin que les uns et les autres puissent manger à leur faim ».

N’empêche, pour le ministre porte-parole du gouvernement, Damantang Albert Camara, qui s’exprimait le 31 mars sur les ondes de la radio précitée, tout ceci est « un non-évènement ».

Au-delà de ces deux positions antagoniques (pouvoir vs opposition), le fait que la majorité des Guinéens ait boudé le mot d’ordre des leaders de l’opposition est susceptible de nous révéler un certain nombre de choses, à condition, bien sûr, de savoir les décoder. Ce décodage est certes difficile, mais il est fondamentalement utile, surtout si nous connaissons la popularité antérieure des manifestations  et journées villes mortes organisées par l’opposition de 2010 à 2015., notamment dans la capitale Conakry. Comment alors interpréter le désintérêt de plus en plus de citoyens guinéens pour les manifestations et journées villes mortes  ?

Notre hypothèse est claire : en répondant défavorablement au mot d’ordre de deux journées villes mortes, la majorité des Guinéens aurait voulu transmettre un message simple, mais très fort, à l’opposition : « Nous sommes finalement fatigués de vos histoires de journées villes mortes ou de manifestations qui, non seulement n’aboutissent généralement à aucun résultat probant mais, pire encore, débouchent souvent sur des pertes humaines et/ou matérielles ».

Si notre hypothèse est vraie, cela impliquerait que la majorité des Guinéens ne désapprouve pas nécessairement les revendications de l’opposition (baisse du prix du carburant et amélioration des conditions de vie du peuple), mais plutôt la stratégie privilégiée par cette dernière pour atteindre ses objectifs. D’une certaine manière, on pourrait postuler que, pour les Guinéens, « la fin (baisse du prix du carburant et amélioration des conditions de vie) ne justifie pas forcément les moyens (journées villes mortes ou manifestations publiques) ». À méditer !

Or, depuis 2010, en persistant avec la même méthode, qui est visiblement infructueuse dans le cas guinéen (chaque pays ayant ses propres particularités), l’opposition prouve ainsi son incompréhension du ras-le-bol de la majorité des Guinéens par rapport à son modus operandi. Pis, certains observateurs pourraient même aller jusqu’à prétendre que l’opposition est, en quelque sorte, insensible aux pertes matérielles et humaines qui résultent, en partie, de sa stratégie politique (manifestations et villes mortes) envers le régime en place.

Si l’on admet que l'opposition n’est que partiellement responsable, l’on pourrait alors se demander avec qui elle partage cette responsabilité. D’où ce rappel : en Guinée, comme dans plusieurs pays africains d’ailleurs, les forces de l’ordre font souvent preuve de brutalité dans l’exercice de leurs fonctions, surtout lors de manifestations publiques.  Plusieurs témoignages, enquêtes, vidéos et images, disponibles sur Internet ou sur les réseaux sociaux, le confirment.

Toutefois, l’essentiel ici n’est pas de dire que tel a raison ou que tel autre a tort. Loin s’en faut. Il s’agit plutôt d’inviter les uns et les autres à tirer toutes les leçons de leurs actions ou inactions. Parce qu’à bien y réfléchir, c’est toute la Guinée qui est perdante lorsque des cycles de manifestations publiques ou de journées villes mortes paralysent l'économie nationale et/ou débouchent sur des pertes en vies humaines.

En un mot comme en mille, l’opposition devrait revoir sa copie. Faute de quoi, elle risque de graduellement cristalliser le ras-le-bol des Guinéens. Nul besoin de sortir de Sciences Po pour savoir que sa stratégie actuelle est contre productive, pour ne pas dire stérile. Ainsi, les jours, semaines et mois à venir, au lieu de décréter d’autres journées villes mortes ou manifestations publiques qui risquent de se solder en un échec cuisant, les leaders de l’opposition seraient bien inspirés de méditer sur les meilleurs moyens de pression politique ou de lobbying dans la Guinée d’aujourd’hui. La Guinée de 2007 n’est pas celle de 2016. La fin du dernier mandat de Lansana Conté n’est pas identique au début de second mandat d’Alpha Condé. Il faudrait apprendre à décrypter toutes ces différences (nationales et internationales) et agir conséquemment. « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». Albert Einstein.

Ousmane Diallo

Ottawa, Canada