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Que le cadre soit formel ou informel, est-ce possible de nos jours, pour un Guinéen, de s’exprimer sur le jeu politique de son pays sans qu’il ne soit consécutivement soupçonné ou accusé, par ses compatriotes, d’être un partisan inconditionnel ou une taupe du pouvoir ou de l’opposition ? Sous-entendant que son raisonnement est partiel et partial, donc pas crédible ? Cette hypothèse est certes possible, mais elle est généralement contredite par les faits. Et rares sont les Guinéens qui ne l’ont pas expérimenté ou observé dans leur propre entourage.

En effet, réduire la pensée de son interlocuteur à un mot, une phrase, voire la caricaturer, pour essayer de l’assigner au camp du pouvoir ou à celui de l’opposition si ce n’est à une communauté ethnique donnée, l‘accuser d’être «contre» le président de la République ou «contre» le chef de file de l’opposition, est devenu l’obsession de nombre de Guinéens.

Au fond, ceux-ci ne cherchent pas vraiment à comprendre l’opinion des autres, mais plutôt à y déceler, coûte que coûte, les signes d’un parti pris. Exit la nuance, la contre-argumentation et l’esprit critique. Dans ces conditions, « il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre » est une formule qui prend tout son sens.

Des médias électroniques à l’assemblée nationale, en passant par les réseaux sociaux, les clashes, coups de gueule ou cinglantes répliques entre Guinéens se multiplient au détriment des analyses critiques et dialogues constructifs. Or, adopter une telle posture est le meilleur moyen de paralyser le débat politique. Autant dire qu’il s’agit d’un vice qui donne aux Guinéens la regrettable image d’un peuple incapable de débattre constructivement des problèmes politiques, sociaux et économiques qui sont les siens. Ce qui est heureusement une fausse impression. Pourquoi ? Eh bien parce que des Guinéens, moins nombreux certes, mais qui sont capables d’analyser le jeu politique de leur pays avec un esprit critique, c’est-à-dire sans défendre aveuglement un camp quelconque, existent aussi. Que ceux-ci soient écoutés par leurs compatriotes est indéniable. Mais qu’ils soient entendus par ceux-là est douteux.

En réalité, nous ne parlons pas assez de cette situation qui semble être l’une des principales maladies de la Guinée actuelle : la perte de confiance entre ses citoyens avec son corollaire de méfiance réciproque, de suspicions et d’accusations (fondées ou non) les uns envers les autres. Or, il nous sera impossible de soigner la Guinée si nous n’acceptons pas d’abord le fait qu’elle soit malade.

Par exemple, tout le monde se rappelle encore qu’à la veille du second tour de la présidentielle de 2010, la Guinée avait dû choisir le Malien Siaka Toumani Sangaré comme président de la commission électorale nationale indépendante (CENI). Comme si aucun Guinéen n’était suffisamment crédible (ou courageux ?) aux yeux de ses concitoyens pour occuper un poste aussi stratégique.

Pourtant, dans sa « Lettre à la Jeunesse », Hampâté Ba ne savait pas si bien écrire : « Un vieux maître d’Afrique disait : il y a « ma » vérité et « ta » vérité, qui ne se rencontreront jamais. « LA » Vérité se trouve au milieu. Pour s’en approcher, chacun doit se dégager un peu de « sa » vérité pour faire un pas vers l’autre… » Si ce vieux maitre africain a raison, nous Guinéens devons alors (ré) apprendre à débattre sans passion, avec un esprit critique, ce qui passe aussi par le respect des opinions de chacun, mais aussi et surtout dans le but de nous entendre. Mieux encore, nous Guinéens devons alors cesser de débattre pour nous accuser mutuellement, nous injurier, voire en arriver, parfois, aux coups de poing.

Comment diantre résister à la tentation de prendre Nelson Mandela comme exemple pour mettre en exergue les vertus du dialogue constructif ?

Vous et nous le savons : dans sa lutte contre l’Apartheid en Afrique du Sud, le Prix Nobel de la paix de 1993 a non seulement su dialoguer avec ses anciens oppresseurs (les Afrikaners qui l’avaient emprisonné pendant 27 ans à la tristement célèbre prison de Roben Island sous le matricule 46 664), mais il a aussi et surtout su convaincre ses camarades de l’African National Congress (ANC) que la solution se trouvait, non pas dans la vengeance, mais plutôt dans le dialogue constructif, le pardon et la réconciliation. En fin de compte, aux uns (Blancs) et aux autres (Noirs), il a prouvé que la solution ne se trouvait nulle part ailleurs qu’à mi-chemin des extrêmes.

Que dire de plus si ce n’est qu’à l’heure où plusieurs observateurs s’accordent à dire que, sous nos cieux, pouvoir et opposition se regardent en chiens de faïence et que les citoyens, souvent repartis en communautés ethniques, peinent à débattre constructivement de leurs problèmes communs, Mandela figure parmi ceux et celles qui pourraient servir d’exemple aux Guinéens, notamment à leurs acteurs politiques.

Bien sûr, n’est pas Mandela qui veut, mais Oscar Wilde a raison : « il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. »

Ousmane Diallo

Ottawa, Canada