Révision constitutionnelle : Le CJSAP jette l’éponge
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Une plateforme de la société civile, dénommée Collectif des jeunes pour le soutien aux actions présidentielles (CJSAP) à travers son président Ibrahima Kalil Diallo, se désolidarise à son allié (La mouvance présidentielle) à cause dit-il du projet de la révision constitutionnelle qu’il qualifie de ‘’suicidaire’’ et interpelle les cadres conscients de l’administration de démissionner. Interview

Bonjour vous dites être contre la nouvelle constitution, quels sont vos griefs ?

Moi, je crois que nous sommes à un tournant décisif de notre pays. C’est vrai à un moment donné, nous avons soutenu ce pouvoir mais nous avions nos raisons. Mais aujourd’hui après 4 ans d’observation, on a compris que c’est un pouvoir qui n’est pas à la hauteur….

Au lieu de poser les vraies bases du développement de notre pays et de respecter la loi qui stipule que le président est élu pour un mandat renouvelable qu’une seule fois, on voit que ce pouvoir aujourd’hui se permet de parler de projet de nouvelle constitution, mais il faut savoir que ce n’est une nouvelle constitution, c’est un maquillage, leur volonté aujourd’hui, c’est d’aller à un troisième mandat, or, nous, nous ne sommes pas pour ce projet et nous ne soutenons pas ce projet.

Il faut comprendre qu’aller vers ce troisième mandat, c’est de permettre à ce clan, ces cadres véreux, ces cadres cupides de se perpétuer au pouvoir et de continuer de piller les ressources du pays et cela est inacceptable, sinon on ne peut pas comprendre aujourd’hui, depuis 9ans vous êtes là, vous être incapable de donner l’emploi aux jeunes, vous êtes incapable de construire des bonnes écoles, vous êtes incapable de construire les hôpitaux, vous êtes incapable de rehausser le niveau de vie de la population. Et vous parler de projet de troisième mandat.

Le problème aujourd’hui, surtout le problème de la jeunesse, il y a combien d’étudiant sorti d’université qui sont dans les rues qui ne sont pas employés. L’Etat est incapable d’employer les gens à la fonction publique, l’Etat est incapable de créer les conditions nécessaires pour permettre à des investisseurs privés de venir pour employer cette masse qui est aujourd’hui dans la rue.

Moi, je pense que c’est un projet anti peuple, un projet anti Nation, un projet anti Jeune, voilà pourquoi nous sommes catégoriquement opposés à ce projet

D’aucuns disent que la constitution est déjà faite, elle est là. Qu’en dites-vous ?

Ce sont des spéculations. Chacun est en train de dire ce qu’il veut, ce qui est sûr, ce qui est réel, il y a une volonté du pouvoir d’aller vers un troisième mandat. On se sert de cette nouvelle constitution pour maquiller un peu leurs projets.

Maintenant comme ils disent que c’est un projet en faveur du peuple, ils n’ont qu’à diffuser largement cette constitution, pas seulement en Français, mais ils n’ont qu’à la diffuser en langue nationale pour que tout le monde puisse connaitre les contenus, en ce moment ils comprendront que le peuple n’est pas dupe. Ils ont trop trompé le peuple, mais nous on ne peut pas accepter cela, c’est pourquoi je lance à la jeunesse, à la population de façon générale de se mobiliser pour barrer la route à ce projet-là parce qu’ils veulent marcher sur l’avenir de ce peuple.

Imaginez-vous que vous avez 35 ans ou 40 ans, vos parents pendant 20 ans ont financé vos études, vous finissez vos études, vous êtes là encore avec les soutiens de vos parents, vous êtes appelés à vous marier, à fonder une famille, mais vous avez rien. Dans ce cas on met en cause la valeur de la jeunesse mais aussi, on prépare une nouvelle génération d’échec.

Moi je pense qu’ils ont deux stratégies on sait déjà qu’ils ont cette volonté d’aller vers ce troisième mandat. Quand où ils comprendront que ça ne marchera pas, ils ont introduit un autre projet de loi dans la constitution, pour dire qu’on va créer un poste de vice-présidence, l’objectif visé à humble avis c’est quoi ? Quand ils vont comprendre que le troisième mandat ne marchera pas avec ce poste de vice-présidence, on va rester un peu, ils vont créer des petits problèmes pour dire que c’est les vacances du pouvoir, et le vice-président qui serait la marionnette du président, l’émanation du système actuel pour que lui, il monte et que le même système continue à gérer le pays, donc ce cela qu’il ne faut pas accepter.

Le problème ce n’est pas une nouvelle constitution, il y a des pièges qui sont cachés derrière ça, donc il est temps que le peuple prenne conscience, il est temps que la jeunesse prenne conscience par rapport à cette situation.

Quelle analyse faites-vous de la sortie de l’honorable Damaro qui demande au président de la République de doter le pays une nouvelle constitution ?

Mais c’est un faux débat, ce n’est pas maintenant qu’on va nous parlez de la nouvelle constitution, ils  sont venus en 2010, c’est vrai qu’il y a eu des problèmes pendant la première mandature mais de 2015 à maintenant ça fait 4 ans pendant tout ce temps ils n’ont pas proposé une nouvelle constitution, maintenant qu’ils sont en train d’arriver aux termes de leur mandat, c’est maintenant qu’ils veulent nous proposer une nouvelle constitution ? C’est un faux débat aujourd’hui. Tout Guinéen qui est soucié de l’avenir de ce pays, ne peut pas cautionner un tel projet.

M. Damaro fait partie du système, ce n’est pas surprenant qu’il fasse une sortie pour dire au gouvernement ou au peuple de soutenir ce projet, il veut que leur système là perdure, je ne crois que le peuple puisse accepter cela.

Quel est votre lien avec le FNDC parce qu’apparemment vous soutenez la même chose, c’est-à-dire la défense de la constitution ?

Nous n’avons aucun lien. Le lien ne peut être que moral parce que j’avoue que nous apprécions leurs actions sur le terrain, c’est des actions patriotiques, ce sont des gens qui aiment leur pays contrairement à ce que disait un Monsieur quand on était à une émission à Familia que ce sont des dictateurs (FNDC), mais c’est plutôt eux qui sont des dictateurs ceux qui veulent tripatouiller la constitution pour se maintenir au pouvoir. Je ne veux pas que l’histoire se répète dans notre pays, vouloir se maintenir au pouvoir par la force ça finit toujours par la tragédie.

Je croix que parmi eux, il y aura qui vont prendre conscience qui vont peut-être démissionner ou alerter le gouvernement par rapport au risque d’un tel projet. Il faut comprendre qu’aujourd’hui le Guinéen est pauvre à l’extrême, il y a les richesses qu’il faut, mais les gens sont incapables de partager équitablement ces ressources, tout ce qui les intéresse, c’est comment s’enrichir, préparer l’avenir de leurs familles.

Entretien réalisé par Alpha Amadou Diallo