Fermeture des frontières, Exploitation de l’or à Kounsitel, la hausse de prix du carburant, le couvre-feu : le coup de gueule de Cellou Dalein Diallo
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Le président de l’union de force démocratique de Guinée était l’invité de la radio FIM Fm ce Vendredi 13 août 2021, dans cet entretien le débat était axé sur la fermeture des frontières terrestres, la présence des Donzo à Gaoual (Kounsitel), la hausse de prix du carburant à la pompe et le couvre-feu. Dans le cadre de lutte contre la propagation de la nouvelle variante Delta, le Gouvernement annonce la fermeture des frontières terrestres entre la Guinée et les pays voisins pour briser la chaîne de contamination et exige que toute personne qui souhaite entrer en Guinée par la voie aérienne soit vaccinée comme cela se passe dans tous les pays. Tout voyageur guinéen en direction de la Sierra Léone est obligé d’emprunter un avion selon un communiqué du gouvernement. Une décision que l’opposant Cellou Dalein Diallo ne partage, et explique les raisons :

« Ce n’est pas une mesure judicieuse à mon avis, parce que vous savez que nous avons la moitié de la population qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, le commerce et transport transfrontalier est une activité très utile à l’économie. Beaucoup de gens vont au Sénégal, en Sierra Léone par la route. Lorsque vous prenez un vol ici vous dites que vous allez en Sierra Léone, ça devient compliqué pour quelqu’un qui n'en a pas l’habitude. Si vous dites à un monsieur de Forécariah, pour aller en Sierra Léone il faut aller à Conakry emprunter un avion, ce n’est pas quelque chose de judicieux. Je ne pense que cela soit judicieux de fermer les frontières terrestres et de dire que tous les déplacements doivent s’effectuer par avion.

Par rapport au couvre-feu à 22h. Je pense que pour briser la chaîne de contamination. Il faut continuer la sensibilisation pour rendre disponible les masques à la population ce qui n’est pas le cas. On demande aux gens de porter des masques mais la sensibilisation a été insuffisante. Ce gouvernement-là, ce qu’il peut faire, c’est de prendre des décisions qui ne sont pas applicables ou qu’elles nuisent plus qu’elles ne rendent service ».

Exploitation illégale de l’or à Gaoual (Kousitel), « Discrimination » et la présence des Donzo, le président de l’UFDG tire à boulet rouge sur le gouvernement d’Alpha Condé.

« Nous avons un problème dans ce pays c’est d’abord la capacité du gouvernement à faire appliquer ses décisions, compte tenu du laxisme, de la corruption, du favoritisme qui règnent dans l’administration civile et dans l’administration militaire.

Le gouvernement n’a pas de crédibilité suffisante. Il n’a pas d’autorité. Il n’a pas de légitimité, parce qu’il n’est pas juste, parce qu’il ne s’est pas doté des instruments permettant d’instaurer la discipline. L’absence de crédibilité est une source du problème, lorsque vous êtes injuste, vous faite de la discrimination. Lorsque vous laissez prospérer la corruption au sein de l’administration, lorsqu’il y a l’impunité qui est accordée à certains en raison du lien qu’ils ont montré dans la défense du pouvoir ; ils peuvent se permettre du n’importe quoi. Ils peuvent eux aussi faire dans leur choix discriminer les hommes dans l’attribution du privilège et des avantages.

Ce qui se passe à Kounsitel, c’est parce qu’il n’y a pas d’autorité. Ceux qui sont censés respecter la loi ne le fait pas, l’autorité ne peut pas être-là. L’autorité n’est pas la force seulement. L’autorité c’est aussi la crédibilité, mais ce pouvoir-là manque cruellement de crédibilité. Ensuite, il y a la corruption. La corruption par la promotion, la corruption par l’argent qu’on laisse prospérer. Il y a des intouchables, il y a l’impunité qui est accordée à certains en raison de leur proximité avec le pouvoir, en raison du … qu’ils montrent dans la défense du pouvoir et du troisième mandat. Il y a parfois leur appartenance ou leur sensibilité politique ou ethnique.

Lorsqu’on gère un pays de cette manière-là, l’Etat ne peut pas avoir l’autorité, parce que ce n’est pas seulement la force qui doit faire l’autorité, mais c’est aussi la justesse des décisions que vous prenez. Si vous êtes choisi par votre compétence, pour votre rigueur, pour votre intransigeance par rapport au respect de la loi, les gens vous respectent. Lorsque vous êtes choisi parce que vous êtes lié à tel, vous êtes le neveu, le cousin de tel et que vous-même, vous vous livrez à des activités illégales pour vous enrichir ; naturellement, vous manquerez d’autorité.

A Gaoual, on a déployé des forces de défense et de sécurité, mais celles-ci se livrent à n’importe quoi. Elles ne sont pas là pour appliquer la loi. Elles cherchent plutôt à profiter de la situation. Donc on ne peut pas aboutir au résultat qu’on recherche. On ne trouve pas le coupable. Il y a une confusion totale qui règne. C’est facile d’accuser le préfet, mais il y a sans doute un commandant d’un PA, d’un bataillon qui a été déployé là-bas dont les agents cherchent à gagner de l’argent, il veut avoir sa part. Il y a ce laxisme généralisé qui a envahi notre administration militaire et l’ensemble des structures des forces de défenses et de sécurités qui font qu’il n’a pas de discipline.

Les Donzo n’ont pas leur place ni là-bas ni ailleurs ni dans le maintien d’ordre. C’est l’absence de l’Etat et l’acte dont l’Etat fait preuve par rapport à certain groupement qui l’aide à défendre le pouvoir illégal et illégitime, c’est par rapport à ça qu’on les déploie, sinon ils sont dans l’illégalité, on pouvait les arrêtés les mettre en prison parce qu’ils ne peuvent pas venir faire le maintien d’ordre à Kousitel ou ailleurs. Il y a des complicités, parce qu’à un moment donné on a fait appel à eux pour jouer un rôle en faveur du pouvoir. Ils sont fort de ça, de cette légitimité, mais ce n’est pas la légalité, parce qu’ils peuvent jouir d’une certaine impunité ; d’une certaine complicité de la part des autorités qu’ils ont servi à un moment donné à un autre terrain ».

La fermeture des frontières terrestres

« La moitié de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, le commerce et transport transfrontalier est une activité très utile à l’économie. Beaucoup de gens vont au Sénégal, en Sierra Léone par la route. Lorsque vous prenez un vol ici vous dites que vous allez en Sierra Léone, ça devient compliqué pour quelqu’un qui n'en a pas l’habitude. Si tu dis à un monsieur de Forécariah, pour aller en Sierra Léone, il faut aller à Conakry emprunter un avion, ce n’est pas quelque chose de judicieux. Je ne pense pas que cela soit judicieux de fermer les frontières terrestres et de dire que tous les déplacements doivent s’effectuer par avion. Puisqu’il est question de briser la chaîne de contamination, il faut simplement continuer la sensibilisation, rendre disponibles les masques à la population. On demande aux gens de porter des masques mais la sensibilisation a été insuffisante. Ce gouvernement-là, ce qu’il peut faire, c’est de prendre des décisions qui ne sont pas applicables ou qu’elles nuisent plus qu’elles ne rendent service »

 

Alpha Condé Cellou sont-ils solidairement responsables de la crise que traverse la Guinée ? Cellou Dalein met les points sur les (I) :

« Il ne faut pas mettre le bourreau et la victime dans le même sac. Vous savez l’origine des conflits qui m’oppose à Alpha Condé, pourquoi je proteste ? Pourquoi l’UFDG lance des mots d’ordre de manifestations pacifiques. Je ne veux pas faire l’histoire de ce conflit et qui sont à l’origine du dérapage qu’on a enregistré, des morts d’hommes qu’on a enregistrées, des emprisonnements injustifiés qu’on a eu. Il faut dire que la première source de conflit entre lui et son opposition (UFDG et ses alliés, ndlr) c’était lorsqu’il a refusé d’organiser à bonne date les élections. C’est une violation de la loi. L’organisation des élections ne doit pas dépendre de l'humeur du président. La loi fixe le mandat. Et on sait à l’avance qu’à telle date, on doit organiser les élections. Alpha a refusé d’organiser les élections à bonne date, parce qu’il a peur des élections.

Les élections législatives, on devait les organiser en mars 2011. Le crédit était disponible au niveau de l’union Européenne, Les bailleurs ont tout fait. Il a dit qu’il n’ira aux élections que lorsqu’il le voudra. Ils (les partenaires techniques et financiers… ndlr) ont proposé qu’on aille immédiatement aux élections avec les mêmes fichiers sans révision, avec la même CENI, le même président de la CENI, le Général Sangaré, avec le même Opérateur SAGEME, il a refusé. Ceux qui étaient à l’opposition : Cellou Dalein et ses alliés aux deuxièmes tours, ont accepté d’aller aux élections avec la même CENI sous la demande pressante des partenaires techniques et financiers. Alpha leur a dit que le premier Ambassadeur qui lui parle d’élection, il le fou dans l’avion et que désormais il y a un président démocratiquement élu, il organisera l’élection quand il le voudra.

On a commencé à manifester pour exiger l’organisation des élections législatives, il a dit qu’il ne veut plus du fichier, qu’il ne veut plus de la CENI. Il a passé un contrat avec ‘’WEMAQUE’’ sans appel d’offre, sans cahier de charge. L’opposition a pris la rue avec le collectif à l’époque, c’est la première source de conflit.

Les manifestations qu’on a organisées ont été réprimées dans le sang. Il a fallu attendre que le secrétaire général des Nations Unis nous envoie quelqu’un en juin 2013 pour qu’un accord soit trouvé, pour qu’on aille aux élections législatives. On a renoncé à notre combat contre WEMAQUE qui a été recruté de façon illégale sans concertation avec l’opposition, sans respect des lois de la République ; on a accepté pour qu’il ait la paix et qu’on aille aux élections. On est allé aux élections, il y a eu des fraudes massives. Alors lorsqu’on met dans le même pot ceux qui violent la loi, et violent nos droits les plus élémentaires, je considère que ce n’est pas juste.

L’Etat subventionne-t-ile les produits pétroliers en Guinée ? Le candidat malheureux des élections présidentielles de 2015-2020 désapprouve cette décision pour lui cette augmentation est inopportune.

Je l’ai dit ici, il n’y a pas de subvention du tout. L’Etat a prévu de prélever sur chaque litre du carburant un montant donné. Je vais vous expliquez ; je suis un peu l’auteur de la structure du prix parce que j’étais le rapporteur de la commission de privatisation de l’ONA. Dans ce débat, je fais un rappel historique : j’ai négocié avec AJPETotal et Shell qui devaient prendre la place de l’ONA dans l’importation de et distribution des produits pétroliers. On a commencé les négociations en 1987, on a fini en 1992 et moi, je suis resté constant. Qui est-ce qui est arrivé à fixer le prix ? Moi j’étais celui qui proposait que le carburant doit être vendu au même prix à Coyah et à Lola.

Pour qu’on puisse arriver à cela, on a créé la péréquation transport. C’est quoi la structure du prix ? Il y a la rémunération des facteurs qui interviennent, il y a d’abord la SGP qui stock le carburant, il y a les importateurs, il y a les distributeurs et puis maintenant, la péréquation transport et il y a la taxe de l’Etat. Vous avez le coût de revient à la pompe qui intègre tous ces facteurs-là, on fait des calculs et ensuite on ajoute la TSPP. Lorsque le prix à l’international augmente c'est-à-dire le prix shift augmente d’office à Conakry, soit parce que le franc guinéen s’est déprécié, soit parce que le prix du baril à l’international a augmenté. En ce moment si le prix est fixe, c’est la TSPP qui absorbe, ça devient le facteur d’ajustement parce que le prix shift augmente. La rémunération des acteurs intervenants : que ce soit les transporteurs, le stockage ou les distributeurs. Eux, leur part est fixé administrativement, çela été négocié.

La première négociation, c’est moi qui l’ai dirigé en 1991. Lorsqu’au cours de l’année la monnaie se déprécie parce que c’est en valeur franc guinéen qu’il faut calculer. Pendant longtemps c’était la TSPP qui devient l’amortisseur.

 A un moment donné, le gouvernement a dit :  Comme très souvent, il y avait de tendance haussière qu’il fallait faire en sorte que : ce que l’Etat attend (TSPP) ne soit pas rongé. Donc on a adopté le principe de flexibilité. Si la monnaie se déprécie trop ou que le coût à l’importation augmente, il fallait que le prix à la pompe augmente automatiquement sans qu’on se retrouve. Donc le principe a été adopté. La négociation a été menée avec le syndicat et tous les intervenant. Maintenant vous pouvez aller le matin à la pompe trouver que ça augmenté où venir trouver que c’est descendu.

 Donc ce principe a été adopté, malheureusement ici on n’a pas voulu respecter cette flexibilité lorsque ça baisse. Vous savez que le Baril est tombé ici à 20 dollars, on devait si on appliquait la flexibilité constaté une baisse proportionnelle à ça, ils ont refusé. Ils ont accumulé des provisions. Ils ont prélevé indûment sur le consommateur parce que le prix de revient a été réduit à la hauteur de la baisse de cours sur le marché international.

Ce que je dis, ils ont évoqué des arguments qui ne tenaient la route. Le premier principe qu’aurait pu l’opposer, c’est dire bon ! lorsque ça baissé vous n’avez pas voulu baisser le prix de litre à la pompe. Vous ne pouvez pas dire : lorsque le baril est à 29 dollars, c’était 9 mille francs et lorsqu’il est à 70 dollars, on va augmenter. Il fallait baisser, respecter les principes parce que c’est un engagement gouvernemental.

Je dis que l'augmentation maintenant du prix du carburant est inopportun parce que nous sommes en période de soudure, nous sommes dans une crise économique sévère. L’impact de l’augmentation du prix du carburant sur les autres produits est important ; surtout les denrées de première nécessité. Actuellement les greniers sont vides dans nos villages, tout le monde attend le riz importé de Conakry. L’état des réseaux routiers est désastreux parce qu’il n’a pas été entretenu. Tous les fonds qui étaient destinés à l’entretenir ont été investis dans la promotion du troisième mandat ; regardez aujourd’hui les routes, il n’y a pas une destination vers laquelle vous pouvez aller tranquillement. Prenez la route Kindia Télémilé, la route Conakry Kindia, c’est un sentier certes, tous les réseaux routiers n’ont pas été entretenus pendant des années.                       

Hassimiou Diallo