À Conakry, ce 27 mai, le discours du Premier ministre Bah Oury a résonné comme un coup de semonce dans un continent souvent prompt à désigner l’extérieur comme la source de ses maux. « Nous sommes responsables de la situation de notre propre pays », a-t-il lancé sans détour, devant une assemblée de jeunes leaders venus de quinze pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Un rappel brutal, mais nécessaire, à l’ouverture du Forum régional des Conseils consultatifs des jeunes.
En prenant ainsi le contre-pied du discours victimaire trop souvent entendu sur les tribunes internationales, Bah Oury renverse la table. Loin de se contenter de dénoncer les effets des crises — immigration clandestine, dérèglement climatique, instabilité politique —, il appelle à une introspection salutaire : que faisons-nous, nous dirigeants africains, pour transformer ces défis en leviers de progrès ?
Il ne s’agit pas d’un simple effet d’annonce. Derrière les mots, une exigence : celle d’une gouvernance lucide, volontaire et visionnaire. Car, comme le rappelle le chef du gouvernement guinéen, les enjeux auxquels l’Afrique est confrontée ne sont pas des fatalités. Ils sont aussi les conséquences de décisions politiques, ou d’absences de décisions, prises au sommet de nos États.
Cette parole sans fard, portée devant une jeunesse avide de changement, a valeur d’exemple. Elle bouscule, elle dérange peut-être, mais elle dit l’essentiel : on ne bâtira pas l’avenir du continent avec des slogans, mais avec du courage politique et un sens aigu des responsabilités.
Dans un forum consacré au dialogue entre jeunes et décideurs, Bah Oury a montré ce que cela signifie : dire la vérité, même inconfortable, et appeler à une action collective, fondée non sur l’attente d’aides extérieures, mais sur la conscience que le destin de l’Afrique est entre les mains des Africains eux-mêmes.
Il y a là, sans doute, le début d’un tournant. Encore faut-il que l’écho de ce discours ne reste pas confiné à la salle du forum, mais trouve un prolongement dans les actes. Car le vrai courage politique ne se mesure pas aux mots prononcés, mais aux décisions prises.
Amadou Diallo