Dépigmentation : Quand la quête de beauté met la santé en péril
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En Guinée, la dépigmentation artificielle gagne du terrain malgré ses effets dévastateurs sur la santé. Entre pressions sociales et méconnaissance des risques, de nombreuses femmes s’exposent à des dangers irréversibles. Le Dr Ibrahim Traoré, dermatologue au CHU Donka, alerte sur ce fléau silencieux et appelle à une prise de conscience urgente.

Fatimatou Diallo : Dr Traoré, la dépigmentation artificielle semble gagner du terrain en Guinée. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette pratique ?

Dr Ibrahim Traoré : Bien sûr. La dépigmentation artificielle consiste à appliquer des produits chimiques sur la peau dans le but d'éclaircir le teint. Ces produits contiennent souvent de l'hydroquinone, des dérivés de mercure ou encore du métazole, qui sont malheureusement très nocifs pour la santé.

F.D. :Quels sont les dangers de ces substances pour la peau et la santé en général ?

Dr I.T. : Les conséquences sont multiples et graves. D'un point de vue dermatologique, l'utilisation prolongée de ces produits peut entraîner l'apparition de boutons, de taches brunes ou blanches, ainsi que des infections graves comme l'hypopigmentation ou l'hyperpigmentation. Mais ce n'est pas tout. Lorsque ces substances pénètrent dans le sang, elles peuvent provoquer des complications systémiques : hypertension artérielle, diabète, insuffisance rénale, voire des troubles neurologiques.

F.D. : Malgré ces risques, pourquoi tant de femmes continuent-elles à recourir à la dépigmentation ?

Dr I.T. : C'est une question complexe. Beaucoup de femmes subissent une forte pression sociale et esthétique. Elles veulent correspondre à des standards de beauté souvent dictés par les médias ou leur entourage. Certaines cherchent aussi à plaire à leur conjoint. Le problème, c'est que ces femmes ignorent souvent les conséquences jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Lorsqu'elles viennent consulter, les dommages sont parfois irréversibles.

F.D. : Face à cette situation, que conseillez-vous ?

Dr I.T. : Il est urgent de sensibiliser la population aux dangers de la dépigmentation. Nous devons encourager l'acceptation de soi et la valorisation de la peau naturelle. J'exhorte les femmes à éviter les produits contenant de l'hydroquinone et du métazole. Une peau saine est une peau respectée.

F.D. : Un dernier mot pour celles qui envisagent encore d'utiliser ces produits ?

Dr I.T. : La beauté ne devrait jamais se faire au prix de la santé. Il est temps de changer notre perception de la peau noire et de l'accepter dans toute sa splendeur naturelle.

Propos recueillis par Fatimatou Diallo, pour ramatoulaye.com