Conakry : La floraison des taxi-motos, entre opportunités et dérives
Imprimer
Affichages : 408

Note utilisateur: 0 / 5

Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Depuis quelques années, un nouveau phénomène secoue les rues de Conakry et ses environs : les taxi-motos. Ces deux-roues, autrefois peu répandus, se sont rapidement imposés comme une solution salvatrice pour les citadins en quête de moyens de transport rapides et accessibles. À l’origine, les taxi-motos étaient perçus comme la réponse aux interminables moments de galère que vivaient les usagers dans les embouteillages et les longues attentes aux arrêts de taxis et de minibus.

En effet, avec leur coût abordable, qui varie en fonction des zones, ces motos sont devenues un moyen de transport privilégié pour les Guinéens. Plus qu’un simple mode de transport, elles se sont rapidement inscrites dans le quotidien des habitants, notamment grâce à leur facilité d’accès. Mais derrière cette apparente simplicité, se cache une réalité bien plus complexe.

D’un côté, les taxi-motos ont permis à de nombreux jeunes, souvent frappés par un chômage endémique, de trouver un emploi. Le phénomène a en effet offert une bouffée d’air frais à des milliers de jeunes Guinéens, leur permettant de subvenir à leurs besoins tout en contribuant à désengorger les transports en commun. Pour cette couche de la population, les avantages sont évidents et leur impact est palpable.

Cependant, à y regarder de plus près, le revers de la médaille apparaît. L’absence de réglementation sur ce secteur a créé un véritable chaos sur les routes de Conakry. Ces motos, présentes à chaque coin de rue, ont envahi la capitale, devenant une source d’accidents de la circulation de plus en plus fréquents. La situation est d’autant plus préoccupante qu’il n’est nullement exigé de qualifications ou de tests pour devenir conducteur de taxi-moto. Il suffit de posséder une moto, peu importe son état, et d’être affilié à un syndicat de taxi-motos pour se retrouver à transporter des passagers à travers la ville.

Les résultats de ce manque de contrôle sont évidents. En plus des accidents, les bouchons interminables qui paralysent les routes principales de la capitale peuvent en partie être imputés à l’augmentation du nombre de ces deux-roues. Les conducteurs, souvent pressés et peu respectueux des règles de sécurité, contribuent à la congestion des artères principales.

Mais ce qui choque encore plus, c’est l’arrogance grandissante des conducteurs de taxi-motos. De plus en plus d’entre eux semblent ignorer les codes de la route, affichant un mépris total envers leurs clients et les autres usagers. Leur attitude a franchi des limites que beaucoup jugent intolérables.

Face à cette situation, l’État, à travers ses services spécialisés, se doit de prendre en main la régulation de ce secteur, notamment à Conakry. Une réglementation stricte et un suivi rigoureux s’avèrent plus que nécessaires pour résoudre les problèmes croissants liés aux taxi-motos, tant sur le plan de la sécurité que de l’organisation du transport urbain dans tout le pays.

Saliou Keita