La Guinée est plongée dans une crise profonde, l’une des plus graves de son histoire. Les institutions républicaines sont affaiblies, l’exclusion politique est criante, les droits et libertés fondamentaux sont violés, les médias sont muselés et les manifestations sont réprimées dans le sang.
L’impunité dont jouissent certains membres des forces de défense et de sécurité, qui semblent s’acharner à verser le sang des jeunes Guinéens, est révoltante. L’histoire semble se répéter, comme si les tragédies du passé n’avaient laissé aucune trace.
La transition militaire du CNDD et les dérives du régime précédent auraient dû nous servir de leçon. Pourtant, aujourd’hui encore, des voix s’élèvent pour bafouer les articles 46, 55 et 65 de la charte de la transition qui interdisent formellement au président et aux membres du CNRD de se présenter aux élections. La justice, garante du respect des lois, ferme les yeux sur ces menaces contre la stabilité du pays.
Parallèlement, la répression s’abat avec une violence inouïe sur les opposants politiques et les activistes qui dénoncent l’injustice : enlèvements, détentions arbitraires, harcèlement judiciaire sont leur lot quotidien. Leur seul crime ? Dire NON à la répétition des erreurs qui ont déjà plongé la Guinée dans le chaos.
L’hypocrisie du CNRD et de ses soutiens est flagrante. Le droit de manifester est systématiquement refusé aux opposants, tandis que les partisans du régime, financés par des fonds publics, paradent librement dans tout le pays.
Ceux qui prétendaient vouloir en finir avec le culte de la personnalité l’érigent désormais en système : Kaloum est jonchée d’effigies de Mamadi Doumbouya, comme pour tourner en dérision le décret interdisant ces pratiques. Les nominations dans l’administration publique sont guidées par le népotisme, l’ethnicisme et la propagande.
Souleymane Souza Konaté