Crise politique en Guinée : bras de fer autour du calendrier électoral
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Conakry, au cœur de la tourmente politique. L’annonce du ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, sur l’impossibilité de tenir toutes les élections en 2025 a provoqué une onde de choc dans les cercles politiques et au sein de la société civile. Alors que la junte s’était engagée à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, l’opposition y voit une nouvelle manœuvre pour prolonger la transition.

Au siège de l'Alliance nationale pour l'alternance et la démocratie (ANAD), dirigée par Cellou Dalein Diallo, la colère est palpable. Dans un communiqué tranchant publié ce vendredi 31 janvier, l’organisation fustige une déclaration qui, selon elle, remet en cause les engagements pris par la junte et alimente la méfiance des Guinéens.

"Un faux prétexte" pour un report

Pour l’ANAD, l’argument d’un report pour des raisons techniques, notamment l’absence d’un fichier électoral fiable, ne tient pas. « Un fichier a déjà été constitué avec l'appui de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de la CEDEAO. Il a servi pour des scrutins précédents et pourrait être mis à jour en toute transparence », affirme un cadre de l’alliance sous couvert d’anonymat.

De son côté, le gouvernement met en avant le Registre administratif à vocation d'état civil (RAVEC) comme élément clé pour un recensement fiable. Mais l'ANAD balaye cet argument : « Le RAVEC est un outil utile pour la modernisation de l'état civil, mais il ne peut en aucun cas se substituer au fichier électoral », tranche l'organisation.

Une stratégie de diversion ?

Au-delà des considérations techniques, l'opposition dénonce une volonté manifeste de retarder l'échéance électorale. « Ces manœuvres dilatoires compromettent l'avenir démocratique du pays. La Guinée n'appartient à personne, et nul ne détient un titre foncier sur cette nation », déclare un membre influent de l'ANAD.

La priorité accordée à l'élection présidentielle, au détriment des scrutins législatifs et locaux, suscite également des interrogations. L'ANAD alerte sur le risque de concentration du pouvoir entre les mains d'un seul homme, au mépris du principe de séparation des pouvoirs.

Le spectre des erreurs du passé

Dans la rue, les avis sont partagés. Si certains citoyens se disent prêts à patienter pour garantir des élections transparentes, d'autres craignent que cette prolongation ne soit qu'une répétition des schémas du passé. « Nous avons déjà vu ce genre de stratégie. On nous demande d’attendre encore et encore, mais à quel prix ? », s’indigne un activiste de la société civile.

Le bras de fer est lancé. Entre promesses gouvernementales et doutes persistants de l’opposition, l’avenir du calendrier électoral guinéen reste en suspens. Une incertitude qui alimente une tension grandissante, à l’approche d’une échéance décisive pour l'avenir politique du pays.

Algassimou L Diallo