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Sandro Rosell
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L’alternance démocratique, voilà qui est aux bouts des lèvres. On la chante  partout sans tâcher de dire ce qu’elle signifie. La constitution de 2010 la consacre. La volonté de l’actuel régime de faire adopter une nouvelle constitution pourrait la démolir. L’idée elle-même telle que présentée par ses chantres est une atteinte à l’esprit de la constitution.

Alpha Condé pour avoir porté, même s’il ne l’a expressément  pas dit, le projet d’une nouvelle constitution se met dans une posture délicate. Il est  dans un labyrinthe. Peut-être s’y dépêtrer nécessiterait-il de  faire adopter une nouvelle constitution.  Il est des problèmes qui  ne se résolvent  qu’en  les aggravant. Le projet a des avantages pour son porteur ; une constitution n’est pas le fait de tous mais d’un groupe isolable trouvant dans l’œuvre des légistes la réalisation de leurs vœux.  Il lui promettra, c’est l’espoir qu’il nourrit, de faire rattraper le temps qu’il a perdu, d’échapper à certains ennuis, de répondre aux bravades qui lui sont lancé.

La nouvelle constitution comme  loi d’amnistie

Le régime Condé  est décrié pour sa mauvaise  gouvernance. Il est accusé de tous les maux surtout de crimes économiques, imprescriptibles selon la constitution. Alpha Condé est accusé d’avoir fait tuer des centaines de militants de l’opposition. Il  est accusé de refuser  la tenue des procès historiques dont celui du 28 septembre 2009  pour,  dit-on, faire diluer avec les atermoiements  certaines de ses responsabilités.  Cela n’est qu’une partie de son mal.

La coalition des courtisans  qu’est la mouvance présidentielle se sait incapable de remporter  la prochaine présidentielle à l’issue d’un scrutin dûment constitué  par un candidat autre qu’Alpha Condé.  Alpha Condé, lui-même, c’est ce que montrent ses agissements, désespère à l’idée de trouver une relève  dans son parti et, au-delà, dans la mouvance  présidentielle.  Il devrait, pour reprendre le mot de Gide, prolonger sa jeunesse en d’autres  et reporter sur d’autres son espoir.  Ah ! Gide lui-même avait

écrit  « si je te sens me succéder ». 

S’il accepte l’alternance, il aura ouvert la boîte à pandore. Ainsi, débutera pour  lui et ses proches des procès interminables  et des ennuis. On lui taillera des croupières.  Mieux vaut avoir été ancien prisonnier devenu président que de devenir  ancien président fait prisonnier, dit-on. Ceux qui aspirent à l’alternance le disent à qui veut l’entendre qu’ils lui feront payer pour chacun de ses manquements.  Il sait que la responsabilité pénale d’un dirigeant est très difficile à établir quand il est au pouvoir. Alors a-t-il refusé d’installer la Haute Cour de Justice qui aurait sanctionné ses manquements.

Faire adopter une nouvelle constitution serait alors l’occasion de faire passer une loi qui imposerait aux Guinéens l’oubli de ce qui seraient ses crimes économiques et humains   et pis  leurs effacements.

La nouvelle constitution comme instrument de rattrapage du temps perdu

Oui, c’est une autre déraison que de prétendre rattraper  le temps perdu, dira-t-on.   La Guinée est à la quête du temps qu’elle a perdu après soixante années de fourvoiement national. Le Président Condé,  à travers la nouvelle  constitution,  espérerait récupérer le temps précieux que, selon ses termes, l’opposition pour avoir mis les enfants dans la rue et Ebola,  lui ont  fait perdre. 

Il ressemble alors à ce joueur de loto qui, ayant parié le matin, a raté  de quelque peu la mise et, le lendemain reprend le pari dans l’espoir de récupérer les sommes qu’il a investies.  Contre tous les conseils  désintéressés qui lui sont fait  pour le bien de sa bourse et sa santé, il continuera à parier   jusqu’à  sa ruine. C’est cela le sophisme de l’engagement.

Le pouvoir abîme et use. Le Président Condé, bien qu’il veule nous faire croire le contraire est, à ce grand âge du repos, de l’abandon à Dieu et du recueillement, fatigué   par ses pugilats interminables  et l’exercice du pouvoir dans un pays de cocagne qui manque de  tout et où tout est à refaire.  Il voudra réaliser ce qu’il n’a pu afin d’être à la hauteur de ses combats historiques. Seulement, le temps trahi aussi. Le dessein de l’homme peut ne pas coïncider au désir de Dieu ; dans ce cas, il faudra  se contenter  de ce qu’on a sinon  s’ensuivra  regret.  Comment peut-il se reposer quand il sait que l’alternance ne vaudra pas repos pour lui mais ennuis ; quand au quotidien, il est présenté comme celui qui a fait perdre du temps à la Guinée ? 

Il voudra espérer  réaliser ce qu’il n’a pas pu. Cela requiert une autre chance que la présente constitution ne lui accorde pas . Il a donc besoin d’un passe-droit qui ne s’obtiendra  que par la nouvelle constitution. « S’il y a référendum, il y a troisième mandat (chance) », a-t-il dit.

La nouvelle constitution comme la réponse à un défi

Sans nul doute, les aspirants à la magistrature suprême, les plus sérieux, ont créé un front pour, disent-ils, défendre la constitution. A chaque occasion, ils tombent des bravades. Alpha Condé qui est un homme, mû d’émotions aussi positives que négatives, est menacé.  Il est mis au défi de prononcer un mot devenu tabou «  référendum » .On fait peser sur sa tête  une grande menace : celle d’écourter ses jours au palais ou de lui faire porter  la responsabilité d’une  instabilité sans précédent que ses  décisions  causeront aussi bien au pays qu’à la sous-région.

Il ne reçoit pas que des menaces de quelques adversaires politiques irréductibles et d’une certaine  société civile goguenarde. Quelques gouvernements le défient aussi,  même si  leurs propos sont  quelque peu  voilés. C’est cela le Soft Power.  On lui  déconseille ici et là une pratique qui ternira son image et rendra sa postérité dédaigneuse.  Pour relever ces défis, il s’est tourné vers quelques  régimes autocrates : Turquie, Russie et  Chine, pour y trouver une solidarité.  Les Etats-Unis ne l’effraient pas, la France non plus. Il a la Russie et son Président.  La question est donc aussi géostratégique.  Elle se pose à ces puissances comme suit : faut-il abandonner un régime qui sert  les intérêts de vos firmes : Albayrak , RussAll au profit de ceux qui veulent les détruire ( qui appellent à l’alternance démocratique )  ?

A l’hypothèse qu’il eût douté,  les   risques  qui pèsent sur sa tête sont si grands qu’il  devra exprimer une certaine virilité pour le bien des partisans de sa cause. S’il avait l’intention de reculer, il  s’aperçoit qu’il trahirait ses lieutenants  et ses courtisans qui ont mouillé  le maillot et la gorge avant le duel  auquel  appelle  son projet : le référendum.

Nous sommes arrivés à une situation de non- retour ; il ne pourra plus  revenir sur ses pas.  Même si il se sait déraisonnable, pour avoir été défié par ses  adversaires, il voudra triompher d’eux. Cette réponse peut revêtir plusieurs formes : leur empêchement par des subterfuges à diriger afin de jouir du pays ou l’entêtement à réussir  le projet auquel ils sont opposés. On est tombé dans le manichéisme et cette question si importance est devenue une petite affaire de fierté personnelle des uns et des autres, d’honneur, de  virilité. Pis une opposition entre deux cas.  Il avait dessiné cette carte et n’est-ce pas qu’il appellera à l’arbitrage d’un corps neutre ?  Il l’a déjà fait savoir dans un précédent discours.

Un dirigeant, c’est nôtre cas, est commandant en chef des armées, il a les moyens de répressions à sa disposition. La confrontation  étant devenue  irrémédiable, que risque le pays ?  Une instabilité généralisée qui donnerait l’occasion aux militaires de reprendre le pouvoir pour le bien du peuple pris en otage par des factions politiques, pour l’enseignement des hommes qui ne tirent aucune leçon de leur passé et des  errements d’autres peuples, et, pour le mal de la démocratique que ce pays ne connaît nulle part : ni dans les partis politiques, ni dans les mosquées, ni dans la vie quotidienne de ses citoyens.

Comment peut-on dire à quelqu’un qui a régné sans partage à la tête de son parti, que devenu Président de la République, il doit se désaccoutumer du pouvoir à vie qui serait une guigne pour le peuple  et une maladie de la démocratie qu’il n’a évoquée que  pour accéder au pouvoir ? 

 

Ibrahima SANOH Citoyen guinéen 

Président du Mouvement Patriotes Pour l’Alternance et le Salut.