Guinée : Foniké Menguè et Billo Bah, disparus dans le silence assourdissant de l’État
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Huit mois. Huit longs mois que Foniké Menguè et Billo Bah, figures emblématiques de la société civile guinéenne, se sont volatilisés. Pas une trace, pas une information tangible sur leur sort. Enlevés en plein jour, dans un pays qui se dit état de droit, leur disparition continue d’alimenter les craintes et de crisper la classe politique. Et pourtant, le silence des autorités judiciaires reste assourdissant.

Mardi dernier, lors d'une conférence de presse, le président du parti Citoyens au Service de la République (CSR), Robert Théa, a exprimé son exaspération. L’enquête annoncée par le parquet général de la Cour d’appel de Conakry semble s’être perdue dans les limbes administratives. Aucun résultat, aucun indice, aucune explication. Le plus troublant ? Selon ces mêmes autorités judiciaires, les deux activistes ne se trouvent dans aucune prison officielle du pays.

Un flou qui inquiète et qui divise

Pour Robert Théa, cette situation est tout simplement "extrêmement inquiétante". Il dénonce une opacité qui alimente toutes les théories, y compris les plus sombres. "L'opposition accuse les autorités actuelles d’avoir commandité leur enlèvement.

D’autres estiment que certains voulaient bien plus que leur disparition. Quant à nous, au CSR, nous sommes perdus. Nous ne savons pas ce qui leur est réellement arrivé", confie-t-il, impuissant.

Au-delà des discours politiques, c’est un véritable drame humain qui se joue. Deux hommes, connus pour leur engagement en faveur des droits citoyens, se sont évaporés dans un pays où les présumés coupables sont censés rendre des comptes à la justice.

L'État, entre mutisme et contradictions

Ce qui choque le plus, c’est l’absence de clarté de l’appareil d’État. "Nous demandons simplement que la lumière soit faite. Nous voulons savoir où se trouvent Foniké et Billo", martèle Robert Théa. Car comment comprendre qu’un gouvernement, censé garantir la sécurité de ses citoyens, puisse ignorer le sort de deux activistes portés disparus ? Comment expliquer que dans un pays où l’on arrête ouvertement des figures de l’opposition comme Aliou Bah, on ne puisse pas localiser deux hommes qui ne se cachent pas ?

L’affaire Foniké Menguè et Billo Bah révèle une crise plus profonde, celle d’une justice en panne, d’un système où l’opacité et l’arbitraire règnent en maîtres. Tant que leur sort restera inconnu, l’inquiétude grandira et avec elle, la méfiance envers un État qui semble se murer dans un silence coupable. Jusqu’à quand ?

Amadou Diallo