Madou Bobo Bah alias Thiernodjo (23 ans) et Télly Bobo Keïta (18 ans) ont comparu pour la deuxième fois, mercredi, 30 mai 2018, devant le Tribunal de Première Instance (TPI) de Mamou, pour tentative de viol suivie d’assassinat sur la personne de Fatou Kani Keïta, tante de Télly Bobo Keïta, rapporte le correspondant de l’AGP dans la préfecture de Mamou.
Les faits remontent au mardi, 10 octobre 2017 à Pétini, localité se trouvant dans le district de Gouba, dans la sous-préfecture de Tolo, préfecture de Mamou. Ce jour, la victime, Fatou Kani Keïta (14 ans), aurait été assassinée dans un marigot, alors qu’elle était allée laver la vaisselle.
Lors de la première audience, les deux accusés avaient systématiquement nié les charges retenues contre eux, chacun imputant à l’autre la mort de la jeune fille.
L’audience du mercredi, 31 mai a connu la comparution du père de la victime, le chef de district de Gouba, El hadj Lamarana Bah et le père de Télly Bobo Keïta, le second accusé.
Invité à expliquer les circonstances du décès de sa fille, le père de la victime, malvoyant, explique :
«Ce jour là, ma fille venait à peine de préparer le repas pour nous. Après la prière de 14h, elle a pris les ustensiles pour aller les laver au marigot qui est juste derrière ma clôture. Une de ses amies l’a demandé de la tresser, elle a dit de l'attendre à son retour. Elle est partie avec un enfant d’un (01) an et demi.
Après avoir lavé les ustensiles, elle a aussi lavé l’enfant. Ensuite, elle s’est déshabillée pour se laver à son tour. Après avoir mis le savon sur son corps, Télly Bobo Keïta, qui était caché juste à côté, s'est jeté sur elle. C’est ainsi qu’il (Télly Bobo), voulant abuser de ma fille, l’a assassinée dans l’eau.
Quand on l’a demandé pourquoi il l’a tué, il a répondu devant tout le monde qu’il a bien fait. Les gens ont voulu le lyncher, ont s’est opposé», a témoigné Mamadou Adama Keïta, qui dit être grand-père de Télly Bobo Keïta, précisant également que la défunte est la tante paternelle de l’accusé.
Ce témoigne sera d’ailleurs appuyé par celui du président du district de Gouba, El hadj Lamarana Bah :
«On a trouvé le corps de Fatou Kani Keïta dans l’eau. Télly Bobo était mouillé. Sa culotte était imbibée de boue. Il a dit aux gens qu’il a bien fait».
Sur une des questions du juge Sidiki Kourouma, Télly Bobo a répondu : «Tout ce que les témoins ont dit est faux !».
M’bemba Keïta, le père de Télly Bôbô Keïta, également invité à la barre, a d’abord voulu défendre son fils, mais il finira par l’enfoncer davantage.
«Quand mon fils est arrivé à la maison, ses habits étaient mouillés, il y avait de la boue sur ses jambes. Je l’avais aussi giflé à trois reprises, parce qu’il a dit qu’il a bien fait», a-t-il martelé.
Dans ses réquisitions, le Parquet, après être longuement revenu sur les faits et s’appuyant sur les déclarations des témoins, a demandé au tribunal de relaxer purement et simplement Mamadou Bobo Bah, pour défaut de preuve.
«C’est Télly Bobo qui l’a entraîné dans cette affaire», a déclare le Ministère public.
«Par contre, le Ministère public demande qu’il vous plaise, monsieur le président, de retenir Télly Bobo Keïta pour tentative de viol suivie d’assassinat sur Fatou Kani Keïta.
Pour la répression, vous lui condamnerez à la réclusion criminelle à perpétuité, parce que la victime c’est sa propre tante», a-t-il conclu.
L’affaire est renvoyée au 13 juin prochain pour le verdict.
AGP/02/06/018 AOS/ST