Le meurtre atroce de la petite Aïcha Bah, 8 ans, retrouvée sans vie dans les toilettes de son école à Kagbelen, n’est pas un simple fait divers. C’est un drame national, une honte collective qui met à nu l’incapacité chronique de notre société à protéger ses enfants. L’ONU, dans un communiqué empreint de gravité, a une nouvelle fois haussé le ton, exigeant une mobilisation urgente et concrète. Mais combien de cris faudra-t-il encore pour sortir de l’inertie ?
Ce drame bouleversant, survenu le 14 novembre dernier, rappelle tragiquement celui d’Aissatou Tambassa, assassinée dans des circonstances similaires il y a un an. Combien de jeunes vies sacrifiées faudra-t-il pour que nous comprenions l’urgence d’un sursaut national ? Ces enfants, victimes innocentes de barbarie, symbolisent l’échec de notre système à offrir un environnement sécurisé, même dans des lieux censés être sanctuaires : les écoles.
Les déclarations de l’ONU sont justes et nécessaires. Elles appellent à un renforcement des mécanismes de prévention, à un soutien accru pour les victimes et à une véritable tolérance zéro contre les auteurs de violences sexuelles. Mais la Guinée a-t-elle les moyens de transformer ces paroles en actes ? Les engagements pris dans le cadre des Objectifs de Développement Durable, notamment l’ODD 5 sur l’égalité des sexes, sont loin d’être tenus. Ce décalage entre discours et réalité est un affront pour toutes les victimes passées, présentes et futures.
Les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, qui s’ouvrent dans ce contexte macabre, ne doivent pas être une simple campagne de communication. Ils doivent devenir un moment de rupture. Une opportunité pour exiger des mesures concrètes : des lois strictes appliquées sans complaisance, des structures de soutien psychologique et juridique pour les victimes, mais surtout une éducation de nos enfants pour changer les mentalités à la racine.
Ce n’est pas seulement aux autorités de prendre leurs responsabilités. La société tout entière doit se mobiliser. Parents, enseignants, leaders communautaires, chacun a un rôle à jouer pour créer un environnement où plus jamais une petite fille comme Aïcha ne sera arrachée à la vie par l’indifférence et l’inaction.
Le 20 novembre, jour symbolique des droits de l’enfant, nous avons une nouvelle fois entendu les mots de l’ONU. Mais jusqu’à quand les mots suffiront-ils ? Combien d’autres Aïcha et Aissatou faudra-t-il pour que la Guinée se réveille ? Le temps n’est plus aux condoléances répétées, mais à une véritable révolution des consciences et des actes.
Amadou Diallo