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L’arrestation musclée de Habib Marouane Camara, journaliste d’investigation et éditorialiste aguerri, marque un tournant inquiétant pour la liberté de la presse en Guinée. Administrateur général du site Le Révélateur224.com, ce fervent critique des dérives de la transition a été brutalement interpellé le mardi 3 décembre 2024, à Lambanyi, alors qu’il se rendait à un rendez-vous professionnel. Un acte qui ne saurait être interprété autrement qu’une tentative flagrante de museler une presse jugée trop critique par les autorités.

Marouane Camara n’est pas un cas isolé. Sa détention s’ajoute à une série d’événements inquiétants : disparitions inexpliquées de militants comme Foniké Menguè et Billo Bah, arrestations arbitraires de journalistes, condamnations expéditives… Ce climat de répression traduit une volonté manifeste de la transition actuelle de bâillonner toute voix discordante.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour Lamine Kaba, journaliste aguerri, cet événement est la preuve d’une dérive autoritaire inquiétante : « L’arrestation de Marouane illustre la détermination du CNRD à étouffer toute critique. Les autorités doivent comprendre qu’un tel silence imposé ne pourra jamais garantir une transition réussie. »

Cette inquiétude est partagée par Thierno Mamoudou Diallo, journaliste et défenseur de la liberté de la presse, qui n’hésite pas à qualifier ces pratiques de « méthodes d’un autre âge ». Dans ses propos, il appelle ses confrères à l’unité face à ce qu’il perçoit comme une menace systémique contre les médias : « Nous devons nous mobiliser pour protéger nos droits fondamentaux et défendre notre rôle dans la construction d’une société démocratique. »

Cette arrestation, au-delà de sa brutalité, pose une question cruciale : la transition, initiée avec la promesse de restaurer les valeurs démocratiques, est-elle en train de s’éloigner dangereusement de ses engagements ? Les violations répétées de la liberté de la presse ne font que renforcer le scepticisme, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

L’arrestation de Habib Marouane Camara n’est pas seulement une attaque contre un individu. C’est une attaque contre le droit fondamental de tout un peuple à être informé. En ciblant des journalistes comme Marouane, les autorités de la transition envoient un signal clair : toute critique, aussi fondée soit-elle, sera réprimée.

Les associations professionnelles de journalistes, à l’image du SPPG, appellent à une mobilisation générale. Il est temps que les autorités prouvent qu’elles sont à la hauteur de leurs engagements, faute de quoi elles risquent de perdre définitivement la confiance d’une population déjà meurtrie et d’une communauté internationale de plus en plus alerte.

Car ce n’est pas seulement Marouane Camara qui est aujourd’hui en détention. C’est toute la liberté de la presse guinéenne qui se retrouve derrière les barreaux.

Amadou Diallo