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Les tragédies se suivent et se ressemblent en Guinée. Dimanche dernier, une bousculade lors d’un match de football à Nzérékoré a causé la mort d’au moins 56 personnes. Un bilan déjà accablant, mais qui pourrait être encore plus lourd. Dans un rare exercice de transparence, le Premier ministre Bah Oury, rentré d’urgence de la région meurtrie, a répondu aux questions de RFI ce matin. Son constat est glaçant : incompétence, mal gouvernance et impréparation ont pavé la voie à cette catastrophe.

Des erreurs évitables

Comment expliquer qu’un simple carton rouge sur le terrain puisse dégénérer en une tragédie nationale ? Selon Bah Oury, tout a commencé par un arbitrage contesté, suivi de frustrations parmi les spectateurs. Mais au-delà de cet incident précis, c’est l’absence criante de normes de sécurité dans le stade – une seule issue pour des milliers de supporters – qui a transformé cette frustration en chaos meurtrier.

L’intervention maladroite des forces de l’ordre a amplifié le drame. Des gaz lacrymogènes tirés dans un espace clos ? « La bêtise humaine », s’indigne Bah Oury, évoquant une chaîne d’incompétence dans une atmosphère déjà électrique.

Une gouvernance sous le feu des critiques

Le drame met également en lumière les failles structurelles de la gouvernance guinéenne. Pourquoi le nom du président de la transition, Mamadi Doumbouya, était-il associé à ce tournoi sportif ? Une décision maladroite, désormais révisée. Le Premier ministre a annoncé qu’il était désormais interdit d’utiliser le nom ou l’image du président sans autorisation formelle. Mais ce geste suffira-t-il à effacer l’ombre que ce drame fait peser sur la transition ?

Une quête de vérité

Face à la colère grandissante, une commission d’enquête a été mise en place. Elle devra répondre à de nombreuses questions : des ministres présents dans les gradins ont-ils tenté d’influencer les décisions arbitrales ? Pourquoi les forces de l’ordre ont-elles eu recours à des méthodes si dangereuses ? Et surtout, combien de victimes faudra-t-il encore pleurer ?

Les chiffres, eux, font déjà polémique. Si le gouvernement évoque 56 morts, des organisations locales avancent un bilan de 135 victimes. Bah Oury se veut prudent, mais il reconnaît : « Il y a eu trop de morts. »

Une tragédie qui dépasse le sport

Ce drame n’est pas qu’un accident. Il révèle les failles d’un système incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens, même dans un cadre festif. En réponse, le gouvernement promet des réformes. Mais ces promesses suffiront-elles à apaiser une population qui pleure ses morts et s’interroge sur l’avenir ?

La Guinée est une fois de plus confrontée à ses contradictions. Entre aspirations démocratiques et pratiques archaïques, le pays doit faire un choix. Mais pour cela, encore faut-il que ses dirigeants soient à la hauteur des défis. À Nzérékoré, ils ont failli. Les victimes, elles, méritent justice. Et surtout, elles méritent qu’on se souvienne de leur sacrifice pour qu’un tel drame ne se reproduise jamais.

Par Christophe Boisbouvier (RFI)