La Guinée, pays déjà marqué par des décennies d’instabilité politique, semble sombrer davantage sous le régime militaire du CNRD. Le dernier rapport de Human Rights Watch (HRW) est un réquisitoire sévère contre un pouvoir qui, au lieu d’apporter la stabilité promise, s’enfonce dans la répression et l’impunité.
Une tragédie récurrente
Le 9 janvier 2024, Amadou Korka Diallo, 18 ans, perdait la vie à Hamdallaye, quartier chaud de Conakry. Un coup de feu tiré par les forces de sécurité a mis fin à son existence lors d'une manifestation contre la pénurie de carburant. Un mois plus tard, dans les mêmes rues, Ibrahima Touré, également 18 ans, tombait sous les balles lors d’une grève syndicale. Deux jeunes vies brisées, symboles d’un pouvoir qui répond aux revendications populaires par la violence.
Ces morts ne sont pas de simples "incidents". Elles s’ajoutent aux dizaines d’autres recensées depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Mamadi Doumbouya en 2021. Si les organisations locales parlent de 59 tués, HRW en confirme neuf pour la seule année 2024. Des chiffres glaçants dans un pays où la jeunesse constitue l'épine dorsale des mouvements sociaux.
Une justice en sursis
Ce qui scandalise, au-delà de la violence d’État, c’est le silence assourdissant de la justice guinéenne. Aucune enquête crédible, aucune arrestation, encore moins de procès. L'impunité semble être la règle sous ce régime militaire.
Comment croire à la volonté de justice d'un pouvoir qui tarde déjà à rendre des comptes sur les crimes du passé ? Certes, l’ouverture du procès du massacre du 28 septembre 2009 a été saluée comme une avancée majeure. Mais cette démarche risque de devenir un simple écran de fumée face à l’accumulation de nouvelles tragédies.
Le poids du silence
Le gouvernement guinéen, lui, reste muet. Pas un mot pour répondre aux accusations de HRW. Pas un geste pour apaiser les familles endeuillées. Ce silence est plus qu’un aveu d'échec : il est la marque d’un régime enfermé dans sa logique autoritaire.
Mais l’histoire récente de la Guinée montre que le silence imposé aux victimes finit toujours par éclater. La mémoire collective ne s’efface pas à coups de matraques ou de balles. Pour un régime qui prétendait "refonder l’État", il est encore temps de changer de cap. À défaut, la Guinée risque de se perdre encore davantage dans le cycle infernal de la répression et de la violence.
Face à l’histoire, aucun pouvoir ne reste impuni.
Algassimou L Diallo Et Rfi