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La condamnation de Michel Kamano par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) ce 2 décembre 2024 marque une étape décisive dans la lutte contre l’impunité en Guinée. Cinq ans de prison ferme, une amende de quatre milliards de francs guinéens et la confiscation de biens estimés à plusieurs milliards : la sentence est exemplaire. Mais au-delà des chiffres, cette affaire soulève des questions cruciales sur la gouvernance et la justice dans le pays.

Un verdict lourd de sens

Reconnu coupable de corruption, détournement de fonds publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux, Michel Kamano, ancien député et ex-premier questeur de l’Assemblée nationale, incarne désormais le symbole d’un système longtemps gangrené par les abus de pouvoir. Depuis des mois, il était hors du territoire pour des raisons médicales supposées. Désormais sous le coup d’un mandat d’arrêt international, son retour au pays pourrait sceller son destin judiciaire.

Des biens saisis : une restitution nécessaire

La CRIEF n’a pas seulement prononcé une peine de prison ; elle a aussi ordonné la saisie de biens significatifs, parmi lesquels 15 parcelles à Daponpa (Conakry), une plantation de 16 hectares à Kissidougou, une autre de 50 hectares à Mambia (Kindia), et deux parcelles à Manéyah (Forécariah). Ces biens, acquis dans des conditions suspectes, seront restitués à l'État. Cette décision marque un tournant important : la justice ne se contente plus de punir, elle cherche aussi à réparer.

Une justice qui se durcit ?

Dans le même dossier, Jin Sun Cheng, alias KimKim, un homme d'affaires influent dans le secteur immobilier, a écopé d’un an de prison avec sursis et d’une amende de 10 millions de GNF. Une sanction certes moins sévère, mais qui montre que la justice entend ratisser large.

Un signal fort pour l’avenir

Cette affaire Michel Kamano est bien plus qu’un cas isolé ; elle est un avertissement clair aux potentiels contrevenants. Pour la CRIEF, il s’agit de prouver que la lutte contre la corruption n’est pas qu’un slogan politique. Mais la route reste longue. La justice devra démontrer que ces condamnations ne sont pas exceptionnelles, mais qu'elles annoncent une nouvelle ère de transparence et de responsabilité.

La crédibilité d’un État se mesure à sa capacité à rendre des comptes. En condamnant Michel Kamano, la Guinée semble vouloir tourner la page d’une impunité tolérée trop longtemps. Reste à savoir si ce coup de semonce amorcera un changement profond ou s’il restera un épisode isolé dans l’histoire judiciaire du pays.

Amadou Diallo