Le retour de Mohamed Touré en Guinée, après une condamnation et une expulsion des États-Unis, a déclenché une vague de réactions passionnées. Entre analyses judiciaires et instrumentalisation politique, la polémique enfle. Mais au-delà du battage, que nous dit vraiment cette affaire sur la justice et la perception de ses décisions ?
Un verdict sans complaisance
Le système judiciaire américain est l’un des plus rigoureux au monde. Mohamed Touré, fils de l’ancien président Ahmed Sékou Touré, n’a pas échappé à cette rigueur. Condamné à sept ans de prison pour avoir maintenu une jeune fille dans des conditions assimilables à l’esclavage, il a purgé sa peine avant d'être expulsé. Comme le souligne Dr Édouard ZoutomouKpogomou, leader de l’Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP), « la justice américaine est imperméable aux influences politiques, elle fonctionne selon des principes stricts ».
Une libération aux règles bien définies
L’expulsion de Mohamed Touré n’est pas le fruit d’une quelconque intervention occultée. Les termes de sa condamnation prévoyaient cette possibilité. Bonne conduite, fin de peine et éventuel paiement d’amendes ont probablement pesé dans la balance. Loin des conjectures, son retour en Guinée s'inscrit dans une procédure judiciaire ordinaire, semblable à celle de nombreux étrangers condamnés aux États-Unis et renvoyés vers leur pays d'origine.
Un retour sous le feu des projecteurs
Ce qui frappe dans cette affaire, ce n’est pas tant la libération que l’effervescence qu’elle suscite. Pourquoi le retour d’un citoyen expulsé occupe-t-il une telle place dans l’espace médiatique guinéen ? Dr Zoutomou s’interroge : « Combien de nos compatriotes sont renvoyés chaque année sans que personne ne s'en émeuve ? Pourquoi cet engouement pour Mohamed Touré ? »
En toile de fond, la récupération politique s’invite dans le débat. Les déclarations de Mohamed Touré sur de possibles interventions politiques en sa faveur s'opposent au fonctionnement du système judiciaire américain. Pour Dr Zoutomou, « affirmer que des démarches ont été entreprises est une chose, mais dire qu'elles ont influencé le verdict est un pur mensonge ».
Justice ou spectacle ?
Dans un pays où le passé politique continue de hanter le présent, chaque événement devient le terrain de luttes d'influence. La justice américaine a parlé, mais en Guinée, c’est une autre histoire qui s’écrit. Entre la rigueur du droit et l’agitation politique, Mohamed Touré incarne bien malgré lui un nouvel épisode de l’éternel feuilleton guinéen.
Amadou Diallo