La voix des ondes, fragile et puissante, traverse le temps. Elle fut messagère des peuples, compagne des solitudes, flamme vacillante dans l’ombre des silences. Mais aujourd’hui, la radio vacille. Son murmure, jadis souverain, doit se réinventer pour survivre aux marées du numérique.
En janvier dernier, Paris a vu passer un homme habité par cette foi : Thierno Amadou Camara. Journaliste aguerri, analyste respecté, il a foulé le sol du Salon de la Radio, parmi 4200 esprits en quête d’avenir. Lauréat du prix du meilleur analyste politique des Médias Awards Guinée 2023, auteur d’un ouvrage sur la guerre des nations, il n’a jamais cessé de croire en la puissance de la voix portée par les ondes.
De Liberté FM à Guinee114.com, en passant par Mosaiqueguinee.com et Guineematin.com, M’Bonet – comme on le surnomme – a toujours eu l’oreille collée au poste, l’âme vibrante au rythme des fréquences. Paris n’a fait que raviver l’incendie.
« La radio doit renaître, changer de peau sans trahir son âme », clame-t-il. L’ère du bavardage creux est révolue. Le public s’éveille, les autorités veillent. Il faut une radio de culture et de rencontres, une onde sans chaînes politiques, où l’écho des peuples prime sur la cacophonie des pouvoirs.
Mais au-delà des micros et des studios, c’est tout un paysage médiatique guinéen qui peine à trouver sa place sous les projecteurs du monde. « La Guinée n’est pas un murmure perdu dans le vent », rappelle-t-il. Sa voix doit porter, son écho doit résonner dans les grandes rencontres internationales. Faute de moyens, certes, mais non de volonté.
Président par intérim du REMIGUI, premier vice-président du Conseil d’administration de la Maison de la Presse de Guinée, il exhorte à la résilience. Construire sans détruire, innover sans renier, respecter pour grandir. Car la presse, au-delà des mots et des ondes, est un souffle, et ce souffle doit porter loin.
Un appel vibrant, un cri d’espoir. La radio ne doit pas mourir. Elle doit renaître, encore et encore, fidèle à son essence, libre comme l’air.
A. Amadou Diallo