L’ancien intendant de la présidence sous Alpha Condé, Kabinet Sylla, alias « Bill Gates », comparaît ce mardi 11 mars 2025 devant la Chambre de contrôle de l’instruction de la CRIEF. Accusé de corruption et d’enrichissement illicite, il fait face à une justice qui peine à trancher sur son sort, après l’annulation des mesures conservatoires le concernant. Ce nouvel épisode judiciaire, suivi de près par l’opinion publique, pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre l’impunité en Guinée.
Lors de l’audience du 10 mars 2025, les avocats des prévenus ont contesté la validité de la plainte, arguant que la société plaignante n'avait pas fourni de preuve formelle de son existence légale. "Une société commerciale ne saurait porter plainte si elle n’existe pas légalement", ont-ils plaidé, soulignant l’absence de mention d’un représentant légal dans les documents présentés, ainsi que l'absence de statuts officiels.
Face à ces arguments, l’avocate de la partie civile, Me Teninké Touré, a défendu la validité de la plainte, affirmant que la déclaration d’existence morale produite prouvait bien que M. Ousmane Bangoura était le directeur général de Bankina Pêche. Elle a invité la défense à vérifier l’authenticité de l’acte auprès du centre qui l’a établi.
Le ministère public, quant à lui, a estimé que la demande de suspension de la procédure était prématurée, rappelant que le parquet restait la partie poursuivante et que la partie civile n'intervenait qu'à titre de soutien.
Après d’intenses débats, la Cour a tranché en faveur du renvoi du procès au 24 mars, le temps pour Bankina Pêche de fournir son Registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM). Ce document pourrait être déterminant pour l’avenir du dossier.
Dans les couloirs du tribunal, les différentes parties affichent des positions tranchées. “ C’est une manœuvre dilatoire", murmure un proche de la partie civile, tandis que du côté de la défense, on fustige une "tentative de masquer des lacunes juridiques ”. Le 24 mars s'annonce comme une étape cruciale dans cette affaire qui captive l'opinion publique.
Saliou Keita