Alors que les Syriens célébraient la chute du président Bachar el-Assad, les avions israéliens et américains n’ont pas quitté le ciel du pays. Plus de 100 frappes ont été menées ce lundi 9 décembre par Israël contre des sites militaires des forces du président déchu Bachar el-Assad en Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Le Premier ministre israélien affirme par ailleurs que le Golan occupé restera israélien pour toujours.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a affirmé ce 9 décembre que la partie du Golan syrien occupée et annexée par Israël appartenait à son pays « pour l'éternité ». « Aujourd'hui, tout le monde comprend l'importance capitale de notre présence sur le Golan, et non au pied du Golan », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Jérusalem. Israël a conquis une partie de ce plateau montagneux sur la Syrie en 1967, avant de l'annexer en 1981. « Notre contrôle sur le plateau du Golan garantit notre sécurité, il garantit notre souveraineté », a déclaré Benyamin Netanyahu devant les journalistes. « Je tiens à remercier mon ami, le président élu Donald Trump, pour avoir répondu à ma demande de reconnaître la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan en 2019 », a-t-il ajouté. Mais son annexion par Israël reste illégale au regard du droit international.
Le Premier ministre israélien avait par ailleurs annoncé le 8 décembre avoir ordonné à l'armée de « prendre le contrôle » de la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan annexée par Israël. Son ministre des Affaires étrangères avait parlé « d'une mesure limitée et temporaire », les États-Unis, par la voix du porte-parole du département d'État, Matthew Miller, disent veiller à ce que cette opération soit bel et bien temporaire. Mais Israël occupe ainsi le versant syrien du mont Hermon, la zone démilitarisée et des positions stratégiques adjacentes qui appartenaient à l’armée syrienne. Un couvre-feu a également été imposé aux habitants syriens de cinq localités situées dans la zone tampon.
L'ONU et les pays arabes condamnent
L'avancée des troupes israéliennes dans cette zone constitue « une violation » de l'accord de désengagement de 1974 entre Israël et la Syrie, a déclaré ce lundi 9 décembre le porte-parole de l'ONU. L'Arabie saoudite a condamné, pour sa part, une opération qui « sabote » selon elle les chances de la Syrie de recouvrer son « intégrité territoriale ». Cette incursion « confirme la violation continue par Israël des règles du droit international » a estimé le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué. La Jordanie a également « condamné le fait qu'Israël soit entré sur le territoire syrien et ait pris le contrôle de la zone tampon ». Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Aymane Safadi, a dénoncé « une agression » qui représente « une violation du droit international, une escalade inacceptable et une atteinte à la souveraineté d'un État arabe. » Enfin, le Hezbollah iranien, dans un communiqué, reproche à Israël « d'occuper davantage de territoires sur le plateau du Golan » et de « frapper et détruire les capacités défensives de l'État syrien ».
Israël intensifie ses frappes en Syrie
Selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, « Israël intensifie ses frappes en Syrie pour détruire les capacités militaires de l'ancien régime » de Bachar el-Assad, renversé le 8 décembre par une coalition de groupes rebelles islamistes. « L'aviation israélienne a lancé ce 9 décembre plus de 100 frappes en Syrie, notamment contre le centre de recherches scientifiques de Barza dans le nord de Damas », a dit à l'AFP Rami Abdel Rahmane.
Selon lui, les frappes ont notamment visé des dépôts d'armes dans la province de Deir Ezzor (est) et près de l'aéroport militaire de Qamichli (nord-est), ainsi que des bateaux de la marine syrienne à Lattaquié, sur la côte. L’aviation israélienne a aussi mené un raid sur le versant syrien de la chaîne de l’Anti-Liban. La veille, les avions israéliens avaient procédé à une série de frappes contre des bases aériennes de l’armée syrienne dans le sud du pays et à Damas, ciblant en particulier les batteries de la défense anti-aérienne. D'autres raids, américains cette fois, avait visé le 8 décembre 75 cibles du groupe État islamique dans le désert central de Syrie. Les États-Unis se disant « déterminés » à ne pas laisser le groupe État islamique (EI) se reconstituer ou créer des sanctuaires en Syrie, a déclaré ce lundi le secrétaire d'État américain Antony Blinken.
Accord sur le désengagement dans le Golan signé en 1974 entre la Syrie et Israël
Israël a conquis une partie du plateau du Golan sur la Syrie lors de la guerre israélo-arabe de juin 1967. Le 6 octobre 1973, l'Égypte et la Syrie déclenchent une offensive contre Israël, à l'ouest le long du canal de Suez et à l'est sur le plateau du Golan, pour l'obliger à restituer les territoires conquis. Après des revers, l'armée israélienne reprend le dessus au prix de lourdes pertes.
La zone tampon démilitarisée et sous contrôle de l'ONU a été créée à la suite d'un accord de désengagement des forces israéliennes et syriennes en 1974 après la guerre israélo-arabe de 1973. Signé le 31 mai 1974, l’accord entre Israël et la Syrie a officiellement mis fin à la guerre du Kippour et à la période d'usure qui a suivi sur le front syrien. Dans l'accord, il a été décidé que les deux pays maintiennent le cessez-le-feu et restituent les prisonniers de guerre des deux côtés. Les prisonniers ont été libérés immédiatement après la signature de l’accord de désengagement et Israël s’est retiré du mont Hermon et des zones enclavées dans la zone. La nouvelle ligne de séparation a été achevée le 26 juin 1974.
Israël a annexé en 1981 la partie du Golan sous son contrôle.
Rfi