À deux jours de l'investiture de Donald Trump pour un second mandat, les déclarations commerciales du futur locataire de la Maison Blanche ont marqué par leur caractère démesuré. Donald Trump a menacé d'imposer des taxes douanières de 25% à deux de ses principaux partenaires commerciaux : le Mexique et le Canada, et de surtaxer de 10% les produits chinois. Même chose pour le Danemark, menacé de taxes douanières, si Copenhague refuse de lui céder le Groenland.
Donald Trump a menacé d'imposer des taxes douanières de 25% sur les produits mexicains et canadiens, mais aussi de surtaxer les produits chinois. Ce recours à la menace de rétorsions économiques pour arriver à ses fins n'est pas nouveau. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà utilisé cette stratégie en taxant la Chine. Mais le président élu parle d’aller beaucoup plus loin. En visant le Canada et le Mexique, il balayerait d'une main, l'accord de libre-échange qu'il a lui-même renégocié avec ces deux pays.
Une posture qui peut paraitre contreproductive mais qui a, semble-t-il, déjà fait ses preuves. « La posture, on la connait depuis assez longtemps, et notamment depuis son premier mandat, explique Jeremy Ghez, professeur d'économie à HEC Paris. C'est quelque chose qu'il a théorisé depuis un certain nombre d'années. Il dit qu'au lieu de rentrer une négociation, comme on pourrait le faire, nous Européens, avec l'idée de chercher un compromis, lui, rentre avec l'objectif de faire plier l'adversaire. »
Intimidation
Clairement, tous les analystes le disent : cela ne bénéficiera pas aux États-Unis, car si ces droits de douanes venaient à être appliqués, la facture serait salée pour les Américains ; 640 milliards de dollars de surcoût pour l'économie du pays et une inflation qui repartirait de plus belle.
Mais il s'agit plutôt d'une forme d'intimidation et surtout, d'un message envoyé aux autres pays que la seule chose qui compte, c'est « America first » [L’Amérique en premier, NDLR], peu importe les alliances et les liens historiques. « C'est un nouveau chapitre de la mondialisation qui est en train de s'ouvrir, poursuit Jeremy Ghez. Dans le monde d'hier, le libre-échange était une question purement économique, qui était censée être une question gagnante-gagnante pour toutes les parties prenantes. Désormais, il y a un certain nombre de pays qui adoptent un langage différent, et c'est certainement l'Amérique de Donald Trump, plutôt centré sur les questions d'auto-suffisance, de souveraineté et de rivalités entre puissances. Pour Donald Trump, l'économique est une extension du politique, et vice-versa. »
La question reste de savoir si Donald Trump mettra ses menaces à exécution une fois au pouvoir. En tout cas, il a en grande partie été élu sur ses promesses de protectionnisme débridé.
Source : Rfi