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Le cessez-le-feu est entré en vigueur dimanche matin, avec trois heures de retard. Trois otages israéliennes ont été libérées ainsi que 90 détenus palestiniens, plus tard dans la journée. C'est le début de la première phase, sur trois, de l'accord entre Israël et le Hamas. Il met en pause quinze mois d’une guerre extrêmement violente dans l’enclave palestinienne. Le processus va se dérouler en plusieurs étapes. Qu’attendre de cet accord de cessez-le-feu, peut-il tenir et que signifie-t-il pour la région ? 

Pour le moment, chacune des deux parties a tenu ses engagements, rappelle notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Ce dimanche, Israël a libéré 90 détenus palestiniens, a fait cesser les combats et les bombardements dans la bande de Gaza. Le Hamas, de son côté, a remis trois otages israéliennes qui ont passé 471 jours en captivité.

Cet accord de cessez-le-feu a certes connu un retard au démarrage, mais finalement, il tient. Il s'agit désormais de voir comment va se dérouler la suite, dans les jours qui viennent et surtout dans les prochaines semaines. Car cet accord repose sur une chorégraphie millimétrée séquencée en trois phases. 

■ Un séquençage fragile

La première phase, qui a donc commencé ce dimanche, comprend la libération d'otages israéliens en échange de prisonniers palestiniens. En échange des trois premières otages israéliennes, 90 prisonniers palestiniens sont sortis de la prison d'Ofer, près de Jérusalem, avant de rejoindre Ramallah. Les prochaines libérations doivent avoir lieu samedi prochain.

Au total, 33 otages doivent sortir lors de cette première phrase qui doit durer 42 jours, en échange de 737 prisonniers palestiniens. Sur le terrain, la trêve implique l'application du cessez-le-feu et le retrait de l'armée israélienne de certaines zones de la bande de Gaza pour permettre le retour progressif des déplacés palestiniens. Ainsi que l'entrée de l'aide humanitaire qui a déjà commencé, 600 camions par jour pour soulager les Palestiniens qui manquent de tout.

La deuxième phase devrait permettre la libération des otages restants encore en vie ou mort - leur nombre est incertain - et la libération de prisonniers palestiniens, dont certains responsables sont accusés d'avoir commis des attentats. Elle prévoit aussi un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza. Une phase très délicate qui doit être encore négociée ces prochaines semaines. Elle doit permettre aussi l'arrêt définitif des combats, la « fin de la guerre » selon Joe Biden.

Tout dépendra de la bonne volonté de chacun, rappelle notre journaliste au service international, Murielle Paradon. Car il s'agit d'un cessez-le-feu très, très fragile. La troisième phrase, si tout va bien, consistera au lancement d'un grand plan de reconstruction de la bande de Gaza, détruite à 70%, un champ de ruines aujourd'hui. 

■ Une première phase sur les rails

Avec ce premier échange d'otages et de prisonniers, la trêve est donc entrée dans sa première phase. Mais si cela fonctionne pour l'instant, c'est probablement parce que c'est dans l'intérêt des deux belligérants. David Khalfa, co-directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Fondation Jean Jaurès, estime que, du côté du Hamas, ce qui a permis d'aboutir à cette trêve est avant tout l'élimination de Yahya Sinwar,« qui était l'un des principaux obstacles au cessez-le-feu ». Mais aussi les rapports de force sur le terrain.

Car « le Hamas s'est retrouvé isolé sur la scène régionale avec des coups très forts portés par Israël au réseau milicien pro-Iran et notamment au Hezbollah », avec l'élimination de Hassan Nasrallah à Beyrouth. Enfin, facteur non des moindres, pointe le chercheur à la Fondation Jean Jaurès : l'élection de Donald Trump aux États-Unis. « Il y a eu très clairement des pressions très fortes exercées par l'administration entrante et notamment par l'émissaire au Moyen-Orient de Donald Trump » sur le gouvernement Netanyahu qui « rajoutait des conditions au fil des négociations, [...] dépendant de l'extrême droite », analyse David Khalfa. Il estime néanmoins que ce processus fragile « tiendra au moins jusqu'à la deuxième phase ».

■ Une deuxième phase incertaine

Si cette première phase devrait être amenée à son terme, la seconde semble plus incertaine quand il s'agira de négocier et que tout sera à nouveau sur la table entre Israël et le Hamas. Or « de part et d'autre, on peut s'attendre à ce que des spoilers, c'est-à-dire à ce qu'un certain nombre d'acteurs qui ont intérêt à ce que ce cessez-le-feu capote, fasse tout ce qui est en leur pouvoir pour le faire échouer », pointe l'analyste de la Fondation Jean Jaurès.

« On rentrera dans le dur », du côté israélien, car si Benyamin Netanyahu respecte la seconde phase de ce cessez-le-feu, « le risque que sa coalition chute est très élevé ». Le Premier ministre a perdu le soutien de Ben Gvir, qui a démissionné dimanche, et de son parti d'extrême droite Force juive. Il a désormais une majorité très courte de 62 parlementaires sur les 120 que compte la Knesset.

Et en cas d'enclenchement de la deuxième phase, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, l'autre allié d'extrême droite de cette coalition, pourrait démissionner. Auquel cas, « il n'y aurait donc plus de gouvernement israélien », souligne David Khalfa.

Par ailleurs, lors de cette deuxième phase, les pressions américaines exercées par l'administration Trump sur Netanyahu risquent d'être très fortes pour que ce cessez-le-feu tienne. Notamment parce que la priorité du président américain reste « une normalisation israélo-saoudienne » - Washington ayant besoin de s'appuyer sur des partenaires stratégiques régionaux comme Riyad - et l'ambition « d'obtenir un prix Nobel de la paix », selon le spécialiste du Moyen-Orient. 

■ Les populations entre soulagement et angoisse

En attendant que la première phase se poursuive, le soulagement prévaut côté palestinien. Mais après une guerre dévastatrice qui a duré 15 mois et fait près de 47 000 morts, c'est un soulagement incomplet, souligne notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa.

Les gens aujourd'hui doivent reconstruire leur vie et tout reprendre à zéro. Côté israélien, il y a également eu ce soulagement à la suite de la libération des trois otages israéliennes. Mais il y a aussi beaucoup d'angoisse. Une angoisse prégnante parce qu'il y a encore plusieurs dizaines d'otages toujours captifs. Et les gens ne seront soulagés que lorsqu'ils seront revenus. Mais avec ces images du redéploiement à une vitesse record des forces du Hamas dans les rues de Gaza dimanche, les Israéliens se demandent à quoi ont servi 15 mois de guerre.

Un soulagement incomplet, une angoisse toujours présente. « Tout simplement parce que ce cessez-le-feu est très fragile », rappelle encore une fois le chercheur David Khalfa, qui s'interroge aussi : « comment se réjouir de cette victoire sur un champ de ruines ? » Le co-directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Fondation Jean Jaurès estime que « quand on voit l'état de destruction, de désolation, le niveau de défiance entre les sociétés israélienne et palestinienne… personne n'est vainqueur dans ce conflit, ni Israël, ni le Hamas. » Selon lui, la région entre dans une nouvelle phase d'un conflit qui n'est, en réalité, pas terminé. « La guerre est peut-être derrière nous aujourd'hui, mais conflit entre Israël et les Palestiniens n'est pas terminé ». 

■ La perspective d'une troisième phase de reconstruction

Si les deux premières phases de l'accord arrivent à leur terme, il est donc question d'une dernière étape consacrée à la reconstruction de la bande Gaza. Mais celle-ci va dépendre de plusieurs éléments. L'administration américaine entrante - celle de Donald Trump - devra mettre les bouchées doubles sur ce sujet. « On parle aujourd'hui d'un conglomérat de pays qui mettront la main à la pâte », pointe le chercheur David Khalfa.

L'Égypte, pays frontalier de la bande de Gaza, pourrait intervenir avec des entreprises proches des services des renseignements militaires pour « faire un premier travail de déblaiement » et essayer de « reconstruire une partie des infrastructures détruites ». Il est aussi question du Qatar, qui est le grand argentier depuis déjà plus d'une décennie désormais de la bande de Gaza.

Et il y a aussi une volonté de faire entrer dans la danse l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Mais cette option dépend d'un facteur éminemment politique qui est « l'ouverture d'un horizon diplomatique côté israélien, qui obligerait Israël à faire des concessions sur le volet palestinien », souligne l'analyste de la Fondation Jean Jaurès. Or, « on sait que Netanyahu n'y est pas prêt, en tout cas dans la configuration politique actuelle en Israël ». Car désormais, il est à la tête d’une coalition extrêmement fragile, avec une courte majorité parlementaire à la Knesset.  « Si on enclenche la seconde phase puis la troisième de reconstruction, Netanyahu sera probablement privé de majorité et Israël se retrouvera dans une nouvelle phase d'élection anticipée » qui pourrait se tenir au mois de juin ou au plus tard au mois de septembre 2025.

Source : Rfi