Donald Trump veut imposer 25 % de droits de douane sur l’acier et l'aluminium importés aux États-Unis. Une nouvelle mesure commerciale qui s’ajoute à celles ordonnées dès son arrivée à la Maison Blanche. Le président américain n’a pas précisé quand ces droits de douanes entreraient en vigueur. L'Union européenne (UE), indique la Commission européenne, réagira pour protéger les intérêts des entreprises européennes en cas de « mesures injustifiées ».
Donald Trump a fait cette annonce dans l’avion qui le menait vers la Nouvelle-Orléans où il devait assister à la grande finale du Super Bowl, rapporte notre correspondante à New-York, Loubna Anaki. Il s’est contenté de préciser qu’il annoncerait ces mesures officiellement ce lundi : 25 % de droits de douane sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux États-Unis.
Ce n’est pas la première fois qu’il impose une telle mesure. Il avait fait exactement pareil lors de son premier mandat justifiant cela par le besoin, selon lui, de protéger l’industrie américaine de la concurrence des pays asiatiques et européens. Ces droits douaniers risquent d’affecter les principaux partenaires commerciaux de Washington à commencer par le Canada, principal fournisseur d’acier et d'aluminium aux Américains.
« C’est simple, s’ils nous taxent, on les taxe »
Donald Trump a, par ailleurs, fait savoir qu’il comptait également annoncer, mardi ou mercredi, des droits de douanes réciproques. « C’est simple, s’ils nous taxent, on les taxe », a-t-il expliqué. Le président avait déjà évoqué l’idée de nouveaux droits douaniers visant l’Union européenne, Taïwan et d’autres pays. Cela reste dans la continuité de sa stratégie d’utiliser les droits de douanes comme une arme de négociation.
De lourdes conséquences
Ce nouvel épisode de la guerre commerciale de Trump risque d'affecter d'abord les principaux partenaires commerciaux de Washington, à commencer par le Canada. Le pays est la plus première source d'importation d'acier et d'aluminium des États-Unis. Le Mexique, l'autre voisin, est, lui, le troisième fournisseur d'acier. À eux-deux, ils représentaient 40 % des importations d'acier l'année dernière.
Si Pékin n'exporte plus directement vers les États-Unis, la Chine vend un acier semi-transformé à tous les grands partenaires commerciaux des américains. Les conséquences seront lourdes pour les pays revendeurs comme le Brésil, la Corée du Sud et le Vietnam, très dépendants des importations américaines. Le pays achetait 40 % de l'acier brésilien et 70 % de l'acier coréen.
L'Union européenne « répliquera »
L'Union européenne n'est pas épargnée : un quart de l'acier européen est destiné aux États-Unis. Les Européens ont d’ores et déjà promis de répliquer, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. C’est très inhabituel et d’autant plus frappant que le Canada, aux premières loges, a décidé d’attendre pour réagir.
L'Union européenne, relate l'AFP, « répliquera » aux nouveaux droits de douane indiqués par Donald Trump, comme elle l'a fait lors du premier mandat du président américain, a affirmé, lundi 10 février, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. « Il n'y a aucune hésitation quand il s'agit de défendre nos intérêts », a poursuivi le ministre sur TF1, ajoutant que la Commission européenne avait un mandat pour agir en ce sens.
Le président de la Banque centrale européenne, Luis de Guindos, plaide pour la prudence en attendant une décision effective de la Maison blanche et le ministre allemand de l’Économie pour la poursuite de la coopération transatlantique, mais de son côté la commission européenne a déjà répondu par avance pour critiquer les intentions de Donald Trump.
Cependant, indique pour l'heure la Commission, l'UE n'a reçu « aucune notification officielle » concernant de nouveaux droits de douane. « Nous ne répondrons pas à des annonces générales sans précisions ou clarification écrite », a précisé celle-ci dans un communiqué, soulignant qu'elle réagira pour protéger les intérêts des entreprises européennes en cas de « mesures injustifiées ». Selon l'institution, il n’y a en fait pas de déséquilibre de la balance commerciale transatlantique, car le déficit commercial des biens européens exportés vers les États-Unis est quasiment compensé par l’excédent commercial des services américains exportés vers l’Union européenne.
Le président américain Donald Trump avait prévenu : la guerre commerciale qu'il a engagé dès le début de son mandat avec ses voisins mexicains et canadiens et avec la Chine n'était qu'une première étape. Il a donc enclenché la deuxième ce dimanche 9 février en annonçant de nouvelles taxes douanières de 25% sur les importations d'acier et d'aluminium. Ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les entreprises américaines.
En 2018, la mesure, déjà mise en place par Donald Trump, a mathématiquement rendu l'acier produit sur le sol américain plus compétitif, et c'est vrai, le secteur a embauché. Un peu plus de 4 000 emplois créés en un an, soit une augmentation somme toute modeste d'à peine 2%, qui plus est inférieure à la croissance de l'emploi dans le secteur avant 2018. Pas de quoi se jeter par terre, donc, mais pour les sidérurgistes américains dont les marges ont augmenté c'était et c'est donc aujourd'hui une excellente nouvelle.
En revanche, ça l'est beaucoup moins pour leurs clients. Les États-Unis importent un quart de l'acier et la moitié de l'aluminium qu'ils consomment. En 2018, les mesures tarifaires s'étaient accompagnées d'une forte hausse des prix, y compris de l'acier américain. L'industrie automobile, le bâtiment, la construction navale, la défense... Toutes ces industries se préparent donc à un nouveau choc inflationniste. En 2018, cela s'était traduit par une perte sèche de 70 000 emplois industriels.
Rfi