Après avoir largement démantelé l'USAID, la Commission de l'efficacité du gouvernement dirigée par Elon Musk veut désormais s'attaquer à l'Internal Revenue Service (IRS), l'administration fiscale américaine et chercher à obtenir l'accès à un système ultra-sensible du fisc où se trouvent des données financières détaillées des contribuables et entreprises. La Sécurité sociale et le ministère de l'Éducation sont également dans le viseur.
Donald Trump avait publiquement affirmé avoir chargé Elon Musk et son équipe du DOGE de mettre le nez dans le budget du Pentagone pour y traquer les coupes budgétaires possibles, il semble que les priorités aient désormais changé.
D'après plusieurs médias américains, la Commission pour l'efficacité du gouvernement américain dirigée par l'homme le plus riche du monde s'apprêterait à s'attaquer à l'Internal Revenue Service (IRS) et ses équipes chercheraient actuellement à accéder à un système ultra-sensible du fisc où se trouvent des données financières détaillées des contribuables et entreprises.
Le Washington Post affirme notamment avoir eu accès au projet d'accord pour permettre à un employé du DOGE de travailler pendant 120 jours à l'IRS, avec un accès possible aux différents systèmes et bases de données, notamment, l'IDRS, particulièrement sécurisé et restreint. Il permet un « accès visuel instantané à certains dossiers de contribuables », selon un document de l'IRS cité par le média Axios.
L'employé en question pourrait bien être Gavin Kliger, un « DOGE Boy », jeune ingénieur logiciel, qui se présentait récemment comme « conseiller spécial du directeur » du Bureau américain de la gestion du personnel. C'est notamment lui qui aurait personnellement envoyé un mail aux centaines de salariés de l'agence pour leur annoncer la fermeture du siège de l'USAID, le 3 février.
Selon des sources rapportées par le New York Times, il devrait être affecté à l'IRS à titre de conseiller principal du commissaire par intérim. Le fisc est encore en train de définir les modalités exactes de son travail au sein de l'IRS, même s'il devrait avoir un large accès à ses systèmes.
Coupes d'effectifs majeures ?
Les systèmes de l'IRS contiennent les données financières privées liées à des millions d'Américains, y compris leurs déclarations de revenus, leurs numéros de Sécurité sociale, leurs adresses, leurs coordonnées bancaires et des informations sur leur emploi.
Interrogé par NBC, l'un des portes-parole de la Maison Blanche, Harrison Fields, a affirmé qu'il « faut un accès direct au système pour identifier et régler » les problèmes, ajoutant que le « DOGE continuera de mettre en lumière les fraudes qu'il découvre, car le peuple américain mérite de savoir à quoi son gouvernement a dépensé l'argent durement gagné de ses impôts ».
L'initiative pourrait toutefois se heurter à une prochaine décision de justice. Un juge fédéral américain a récemment décidé d'empêcher, au moins temporairement, les équipes de Musk d'accéder aux données personnelles de millions d'Américains conservées par le département du Trésor américain. Il n'est pas exclu que la situation se reproduise dans le cas de l'accès aux bases de données ultra-sensibles des services fiscaux.
Selon la presse américaine, l'objectif poursuivi par les équipes de Musk serait la réduction massive des effectifs de l'IRS. Le Washington Post affirmait le 14 février, en citant six sources proches du dossier, que l'administration Trump pourrait mettre un terme au contrat de près de 9 000 employés qui sont encore en période d'essai, travaillant spécifiquement sur la collecte de l'impôt.
Le journal rappelle que les républicains dénoncent de longue date les effectifs trop importants selon eux de l'IRS, passé d'environ 90 000 personnes à près de 100 000 en 2023. Selon un décompte du New York Times, déjà plus de 9 300 employés fédéraux auraient déjà fait les frais des coupes budgétaires initiées par l'action de la commission pour l'efficacité gouvernementale.
La Sécurité sociale également dans le viseur
Le fisc n'est pas la seule institution dans le viseur du DOGE qui s'est également récemment attaqué aux services de Sécurité sociale. L'une des responsables de cette administration fédérale, Michelle King, a choisi de démissionner ce week-end pour ne pas avoir à autoriser l'accès aux équipes d'Elon Musk aux données informatiques de plusieurs millions d'Américains. Elle a été remplacée par Leland Dudek, visiblement nettement plus enclin à travailler avec le DOGE, le temps que la nomination de Franck Bisignano par Donald Trump à la tête de la Sécurité sociale ne soit confirmée par le Sénat.
L'agence de Sécurité sociale américaine verse chaque année près de 1 500 milliards de dollars à des millions de bénéficiaires aux États-Unis, ce qui représente un cinquième du budget fédéral total. Une somme colossale à laquelle Elon Musk aimerait naturellement faire baisser pour atteindre son objectif affiché de faire économiser 1 000 milliards de dollars à l'État fédéral.
Lors de son point presse improvisé dans le bureau ovale, le 11 février dernier, le patron de SpaceX a affirmé qu'un examen rapide de l'administration de la Sécurité sociale avait déjà révélé que des personnes répertoriées dans ses systèmes comme ayant 150 ans recevaient des prestations, suggérant que plus d'un million de personnes figurant dans la base de données de la Sécurité sociale auraient entre 150 et 159 ans. Une information fermement démentie par l'ancien commissaire à la Sécurité sociale sous l'administration Trump, Martin O'Malley.
Victoire judiciaire
Au milieu des nombreuses contestations en justice dont font l'objet les actions du DOGE, Musk et ses équipes
viennent toutefois d'obtenir une victoire juridique. Le juge de la Cour fédérale de Washington, Randolph D. Moss, a refusé d'empêcher en référé la Commission pour l'efficacité gouvernementale d'accéder aux données du ministère de l'Éducation sur les étudiants.
L'association étudiante de l'Université de Californie voulait interdire le DOGE d'accéder aux données des étudiants, notamment les numéros de Sécurité sociale, les prêts et les informations fiscales. Dans son ordonnance lundi, le juge a déclaré que le possible préjudice pour les étudiants était « complètement hypothétique » et que les requérants ne fournissaient « aucune preuve, au-delà de pure spéculation » que le DOGE pourrait « utiliser à mauvais escient ou diffuser ces données ».
La suppression du ministère de l'Éducation est une promesse de campagne que Donald Trump n'a cessé de marteler, lui qui souhaite que les États assument eux-mêmes cette prérogative. Le milliardaire républicain ne peut cependant pas abolir ce ministère sans l’accord du Congrès, ce qui sera très difficile à obtenir. Mais le nouveau président pourrait toutefois prendre des mesures pour le casser de l’intérieur. Trump accuse notamment le ministère de l’Éducation de bénéficier de trop de financements et les établissements scolaires d’être trop progressistes.
Source : Rfi