Les conservateurs allemands de Friedrich Merz et le parti de centre-gauche SPD ont annoncé ce samedi 8 mars avoir conclu un accord de principe en vue de former un gouvernement qui prévoit d'investir massivement pour relancer et réarmer la première économie européenne.
Après la victoire de la CDU-CSU (Union chrétienne-démocrate d'Allemagne et Union chrétienne-sociale en Bavière) lors des élections législatives du 23 février dernier, les discussions en vue de former un nouveau gouvernement pour l'Allemagne ont avancé, samedi 8 mars. Les conservateurs, arrivés en tête, ont trouvé un accord de principe avec le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD, centre-gauche) du chancelier sortant Olaf Scholz.
« Nous avons rédigé un document commun et nous sommes parvenus à un accord sur toute une série de questions », a déclaré le futur chancelier conservateur Friedrich Merz devant la presse, ajoutant que les partenaires allaient entamer probablement la semaine prochaine des négociations détaillées devant mener à la formation d'un nouvel exécutif. « Nous sommes tous convaincus que nous avons une grande tâche à accomplir » face aux « défis auxquels l'Europe entière est confrontée », a-t-il ajouté.
L'Europe suit de près ces discussions après le retrait américain
« Nous avons réussi un premier pas », a déclaré pour sa part le coprésident du SPD, Lars Klingbeil. Dans le détail, les deux partis ont réussi à surmonter leurs différends en matière migratoire, a indiqué Friedrich Merz. Le SPD a ainsi accepté une proposition controversée des conservateurs concernant un renforcement des contrôles aux frontières « en accord avec les partenaires européens » et d'un refoulement des étrangers sans papiers.
Les sociaux-démocrates ont, de leur côté, imposé leur revendication d'une augmentation du salaire minimum à 15 euros, a précisé Lars Klingbeil. Les partenaires avaient créé la surprise en s'accordant plus tôt cette semaine sur un programme d'investissements gigantesques de plusieurs centaines de milliards d'euros affectés au réarmement et aux infrastructures. Des négociations détaillées devant mener à la formation d'une coalition gouvernementale seront entamées à partir de la semaine prochaine.
Les discussions pour créer un nouveau gouvernement sont suivies de très près par les voisins européens, qui attendent de l'Allemagne, sous l'aile du parapluie américain depuis l'après guerre, qu'elle joue un rôle plus important en matière de sécurité et de défense alors que le continent se mobilise pour réduire sa dépendance vis à vis des États-Unis de Donald Trump.
Le cordon sanitaire maintenu autour du parti d'extrême droite AfD
Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a obtenu près de 21% des voix aux législatives, va envoyer 152 députés dans la nouvelle assemblée, soit 70% de sièges en plus que dans le parlement sortant. De quoi inquiéter les partis traditionnels, explique notre correspondante Nathalie Versieux depuis Berlin.
L'AfD va avoir davantage de temps de parole lors des débats parlementaires, la possibilité d'occuper des postes de premier plan dans les organes de direction du Bundestag, plus de personnel et plus d'argent public… En tant que première force d'opposition, c'est une AfD renforcée qui va entrer dans la future assemblée, selon le politologue Wolfgang Schroeder :
« On l'a d'abord observé dans les parlements régionaux, puis au Bundestag à partir de 2017 : l'AfD utilise le parlement comme une tribune, un podium pour se mettre en scène. On a vu qu'elle n'est pas intéressée au travail parlementaire à proprement parler mais qu'elle veut changer le ton en vigueur dans les lieux, mettre en avant sa présence, son mécontentement et sa colère. »
Il y a quelques jours, le groupe parlementaire s'est réuni pour la première fois sous la houlette de sa cheffe, Alice Weidel. Celle-ci n'a pas profité de l'occasion pour exclure deux personnalités contestées, en raison de déclarations minimisant les crimes nazis. De quoi augurer de relations tendues avec les partis traditionnels, qui vont poursuivre au parlement leur stratégie de cordon sanitaire autour de l'extrême droite.
Rfi