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Le Soudan est entré dimanche 27 novembre dans une série de trois jours de grève nationale. Le mouvement a été suivi. Plusieurs lieux emblématiques de la capitale Khartoum et de la ville voisine Omdurman, étaient déserts.

De nombreux magasins, cafés, restaurants du centre-ville sont restés fermés. Cette grève a été lancée pour protester contre la hausse de 30% des prix du pétrole et du diesel annoncée début novembre par les autorités. Une hausse qui a notamment entraîné une forte augmentation des prix, notamment des médicaments.

Spécialiste des processus séparatistes au Soudan et Soudan du Sud, Nathalie Coste explique que, après les manifestations passées, durement réprimées, la société civile a changé de stratégie : « Ce mouvement consiste tout simplement à rester chez soi, de ne pas aller manifester, de ne pas mener des émeutes. Et le but de cette grève générale, c’est de paralyser le pays. La police elle-même a fait des déclarations selon lesquelles il ne fallait pas être violents avec les citoyens, si de toute manière ils ne sont pas dans les rues », analyse cette doctorante en sciences politiques et relations internationales à Science-Po Paris.

Pour Nathalie Coste, le cœur du problème est économique. « Le peuple soudanais aujourd’hui est tout simplement affamé, il est incapable de survivre. Le mélange des politiques et des stratégies économiques que le gouvernement a pu mener n’ont jamais eu de réels effets. Bien entendu, la séparation du Soudan du Sud a impulsé une crise économique profonde au Soudan, notamment par la perte de revenus pétroliers importants. Le Soudan a été extrêmement mal préparé face à la séparation du Soudan du Sud. »

Chute de la livre et craintes de la répression

Les écoles étaient ouvertes mais de nombreux parents ont préféré ne pas y envoyer leurs enfants par crainte d'affrontements entre manifestants et forces de sécurité. « Je ne sais pas qu’elle va être la réaction du gouvernement après les trois jours, mais ça ne veut pas dire que le gouvernement s’ouvre à toute négociation et à toute discussion en tout cas », confie la chercheure.

La chute de la devise nationale et la hausse des prix du carburant ont provoqué des manifestations sporadiques notamment à Khartoum où elles ont été rapidement réprimées par les forces de sécurité. La livre soudanaise a perdu plus de 60% de sa valeur par rapport au dollar au cours des six derniers mois. Sa chute a fait considérablement monter les prix de la nourriture et des médicaments.

En 2013, de précédentes hausses de carburant avaient déclenché des manifestations, et une répression ayant fait environ 200 morts. Ces derniers mois, le Soudan a été confronté à des pénuries fréquentes d'essence et de diesel qui reflètent un manque criant de devises étrangères, cruciales pour importer des carburants.

RFI.fr