Le procès très attendu opposant le journaliste français Thomas Dietrich à la société Addax Energy et son propriétaire, le milliardaire franco-suisse Jean-Claude Gandur, s'ouvre ce lundi 18 novembre à Genève. Dietrich est poursuivi pour diffamation après ses révélations sur l'importation de carburants potentiellement toxiques en Guinée par l'entreprise énergétique.
L'affaire remonte à plusieurs mois, lorsque le journaliste a dénoncé l'entrée sur le marché guinéen de carburants de qualité douteuse fournis par Addax Energy. Selon Dietrich, ces produits, susceptibles de contenir des substances dangereuses, exposeraient des millions de personnes à des risques sanitaires graves. En outre, il a accusé l'entreprise de profiter d'un système de corruption pour échapper aux régulations, un phénomène qu'il qualifie de récurrent dans plusieurs pays africains.
En réaction à ces accusations, Addax Energy et Jean-Claude Gandur ont décidé de poursuivre Dietrich pour « diffamation », réclamant des réparations conséquentes. Depuis la publication de son enquête, le journaliste affirme faire l'objet de pressions et de menaces. Il dénonce ce qu'il appelle des « procédures-bâillons », visant à réduire au silence les critiques et à enterrer la vérité sur des pratiques jugées opaques.
Sur son compte X (anciennement Twitter), Dietrich a affiché sa détermination avant l'ouverture du procès : « Lundi, j’irai me défendre pied à pied contre cette multinationale occidentale qui, comme tant d’autres, se sert de l’Afrique comme d’un tiroir-caisse et d’une poubelle. J’irai démontrer à la justice suisse à quel point il est urgent qu’elle s’intéresse aux activités troubles d’Addax en Afrique », a-t-il écrit.
Ce procès s'annonce comme une bataille judiciaire de premier plan, avec en toile de fond des questions environnementales, de santé publique et d'éthique des affaires internationales.
Amadou Diallo