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Alors que l’ultime phase des négociations pour un traité mondial sur la pollution plastique s’est ouverte en Corée du Sud, Greenpeace Afrique appelle à agir. L’adoption d’un traité contraignant est un enjeu de justice, de droits humains et d’équité.

La désillusion qui vient d’étreindre les pays africains, à l’issue de la 29ᵉ Conférence mondiale sur le climat (COP29), à Bakou, va-t-elle entamer le nécessaire volontarisme de l’Afrique au dernier cycle de négociations qui vise à établir, à Busan, un traité international pour lutter contre la pollution plastique ? En Corée du Sud comme en Azerbaïdjan, il est question de pays producteurs d’hydrocarbures, de lobbying et de dégradation du cadre de vie, particulièrement dans les pays d’Afrique. L’antenne africaine de l’ONG Greenpeace tire la sonnette d’alarme.

Depuis le 25 novembre, 175 nations discutent d’un texte juridiquement contraignant en matière de production de plastiques. Une coalition de 75 pays – parmi lesquels l’Allemagne, le Sénégal ou le Rwanda – milite pour un traité qui inclurait des mesures strictes. Elle fait face à un groupe de pays producteurs virulents, notamment l’Arabie Saoudite, le Brésil et la Russie. Quant aux États-Unis, ils surfent sur une certaine ambivalence et jouent la montre.

Moins d’essence, donc plus de plastique ?

Comme à la COP, des pays dépendants des industries pétrochimiques tentent de minimiser les effets de leur croissance sur l’état de la planète. La nocivité des plastiques non biodégradables et trop peu recyclés n’est pourtant plus à démontrer et le volume dont il est question montre une tendance inquiétante : la production plastique mondiale qui s’élevait à 460 millions de tonnes en 2020 pourrait tripler, d’ici à 2060, selon les statistiques des spécialistes.

Paradoxalement, la hausse du recours au plastique pourrait s’expliquer par la pression exercée, pour des raisons climatiques, sur les producteurs d’hydrocarbures. Comme l’explique la cheffe de projet pour Greenpeace Afrique, Hellen Kahaso Dena, « les plastiques ne sont rien de moins qu’une bouée de sauvetage pour une industrie des combustibles fossiles en déclin ». L’ONG invite donc les dirigeants à ne pas céder aux lobbyistes qui pourraient présenter la bienveillance à l’égard du plastique comme une sorte de compensation concédée à ceux dont le modèle économique souffrirait du recul de consommation de carburants fossiles.

Un enjeu pour les droits humains

Le monde croule déjà sous les déchets plastiques, et le travail de prise de conscience de leurs effets délétères était censé avoir porté ses fruits en Afrique. Malheureusement, si des pays comme le Rwanda ont banni les sacs plastique, dès 2008, de nombreux autres ont pris des mesures qui ne sont toujours pas respectées. Les importations restent massives et le taux de réutilisation des matières est beaucoup trop faible.

Greenpeace Afrique insiste sur le fait que la « pollution plastique » exacerbe « les injustices sociales » et aggrave « les inégalités liées à la crise climatique ». Comme en témoigne la comparaison visuelle des quartiers populaires et des zones résidentielles huppées, ce sont les communautés marginalisées qui subissent les pires effets de l’amoncellement des déchets plastiques.

Article de Damien Glez/ Jeune Afrique