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La tentative de détournement de près de 12 milliards de FG au niveau de l'Education alimente la chronique. Enquête.

Au cœur de ce scandale financier, le service national d'infrastructures et d'équipements scolaires, SNIES, sur lequel trône un certain Ibrahim Cissé (encore lui!). Mr Cissé n'est autre que le frère de dame Fatou Cissé, directrice de la société navale, laquelle de son côté traîne d'autres casseroles. Inamovibles, les Cissé mangent des deux mains depuis l'arrivée au pouvoir de leur protecteur, Alpha Condé.

En 2009, le jeune Ibrahim Cissé terminait son cursus universitaire, une formation approximative il faut l'avouer. Dès l'élection du président Alpha Condé, un an plus tard, il est parachuté à la tête du service national des infrastructures et des équipements scolaires, comme directeur général, sans concours de recrutement, sans expérience professionnelle, même pas un stage probatoire !

Fort de son soutien, Ibrahim Cissé est devenu un apparatchik exempté de tout contrôle et de toute sanction. L'étudiant devenu argenté se la coule douce, nage dans l'argent public, se permettant de prendre un appartement à 2000 dollars par mois, du côté de Kaloum.

Il a fondé, en huit ans, sept sociétés privées tous azimuts, qui rafflent tous les marchés concernant sa structure et qui, naturellement, surfacturent l'Etat, lui font payer plusieurs fois les mêmes factures et se versent dans le faux et usage de faux.

L'exemple le plus éloquent est cette histoire d'école de 12 classes de Yattaya. C'est une école qui est déjà construite et qui existe. Sa construction a coûté 3 milliards 900 millions de FG au Fonds Koweïtien. Il ne restait que la finition, c'est-à-dire l'aménagement d'aires de jeu et la construction d'un pourtour. D'ailleurs, la "remise" de cette école a été vécue déjà.

Mais les kleptocrates de l'Education qui, depuis huit ans font du budget national de développement leur dulcinée, ont décidé de faire payer la construction de cette même école à l'Etat guinéen, faisant croire qu'elle n'existait pas. Voilà donc des infrastructures financées et chaperonnées par un bailleur de fonds, déjà mises en place, que l'on facture de nouveau au BND, de surcroit à près de 12 milliards de FG (11 milliards 980 millions pour être plus exact).

C'est comme si un groupe de petits malins faisaient croire que le palais Sekhoutoureya n'est pas construit, ils tentent de décaisser l'argent public dans cette perspective pour se le partager.

La question est: comment ce groupe crépusculaire, qui prend la nuit pour la seule réalité, a pu tourner en dérision tous les services compétents pour pouvoir dérouler l'arnaque? Quel est le degré d'implication du nouveau ministrillon de l'Education? A la lumière des faits, Mory Sangaré n'est pas impliqué. Ni de près ni de loin. D'ailleurs, c'est lui qui a bloqué ce dossier au moment où le clan tentait de debloquer les montants. Il n'était même pas à ce poste au moment où le stratagème a été monté. Dans les documents que nous livrons, son nom et sa signature n'y sont pas visibles.

Les acteurs de cette combine sont déjà connus, à une exception-près. En tête bien sûr le roitelet qui trône sur le SNIES, Ibrahim Cissé et une dame qui exerce ses talents du côté de la Direction nationale des Marchés publics. Des complices sont tapis aux grands projets et aux Finances, selon les éléments de notre enquête. En furetant la Chaîne des dépenses du ministère de l'Education, nous nous sommes rendus à l'evidence que ladite école de 12 classes à 12 milliards de FG a dejà été construite sur financement du Fonds koweïtien à hauteur de 3,9 milliards de FG. L'école a été effectivement financée et construite par l'entreprise ETS Brahim "EB", appartenant au sieur Ibrahim Cissé.

C'est la même entreprise qui a récemment concocté une nouvelle "lettre de soumission" pour la construction de cette école qui existe déjà. D'où le faux et l'usage de faux. Puisque cet entrepreneur ne peut pas prétendre ignorer l'existence de ce collège. Nous avons jeté un regard sur sa nouvelle Lettre de soumission qui en dit long sur les velléités de ce clan mafieux.

Le SNIES qui a assisté à la réception de l'ouvrage ne peut pas ignorer son existence également, tout comme la Direction nationale des Marchés publics. Il s'agit tout simplement d'un détournement, un de plus, au bénéfice de fonctionnaires véreux. Maintenant, la parade qu'ils trouvent pour se défendre, auprès de l'opinion, après l'éclatement de l'affaire, est de dire "nous voulions construire une école de 12 salles à côté de l'autre". Que pouic! Les différents documents que nous avons exhumés et la fameuse Lettre de soumission démentent cette hypothèse.

Réalité des faits:

Acte I: Le Fonds koweïtien de développement met à la disposition de la Guinée un financement à hauteur de 3 milliards 900 millions de FG pour la construction d'un collège de 12 classes au quartier de Kiroti. Des problèmes préliminaires obligent à délocaliser le chantier à Yattaya. Nous sommes en 2016, début des travaux. Le contrat est attribué à l'entreprise ETS Brahim "EB", apparetenant à Ibrahim Cissé, directeur national du SNIES. Comme on dit, à tout seigneur tout honneur.

Acte II: La construction de cette école finit en 2018.

Acte III: 3 janvier 2018. Ibrahima Kalil Konaté, ministre de l'Education nationale d'alors, écrit à son homologue des Finances, Malado Kaba, pour solliciter une dérogation des procédures de passation des marchés afin de faire une clôture et des aires de jeu dans ce collège.

Acte IV: Deux jours plus tard, l'argentier du pays répond favorablement au courrier précédent.

Acte V: 17 janvier 2018. L'administrateur général adjoint des Grands projets, Mohamed Lamine Bayo, explique que sa structure n'a pas d'objection sous réserve que le présent projet soit inscrit dans le Plan annuel de passation de marchés du ministère de l'Education avant la contractualisation des engagements.

Acte VI: Puisque toutes les autorités ont donné leur accord de principe pour la construction de la clôture et l'aménagement d'aires de jeux, un groupe de petits Malins décident de détourner le projet. Le 25 mars 2018, le directeur de l'entreprise ETS Brahim "EB", la même qui a construit le collège, dépose à nouveau une prétendue Lettre de soumission au MEN-A pour la construction du collège déjà construit. Elle facture le Budget national de développement à hauteur de 11 milliards 980 millions de FG. Le complot était donc ourdi.

 

Acte VII: 25 avril 2018. Le secrétaire général du ministère de l'Education autorise l'entrepreneur à déposer les copies du contrat au SNIES et commencer les travaux. Bien entendu, il n'y avait rien à commencer.

En définitive, il n'y a l'ombre d'aucun doute, ces pontes ont tenté de détourner les 12 milliards de FG en vain.

Sambegou Diallo