En ce mercredi 2 octobre 2024, la Guinée célèbre son 66e anniversaire d'indépendance, une journée symbolique où l'on s'attend à l'unité et au recueillement. Le défilé grandiose à Dixinn Terrasse, en présence des autorités de la transition, des hauts gradés de l’armée et d’une foule compacte, se voulait être le reflet de cette ambition. Une scène de solennité où, sous le regard bienveillant du président et de son épouse, la nation semblait renouer avec ses aspirations de grandeur.

Mais si le cœur de Conakry battait au rythme des festivités,

une autre réalité s’imposait sur la route Le Prince. Dans plusieurs points stratégiques, comme Koloma-Marché, le carrefour Bomboly ou encore le carrefour Cirage, la fête laissait place à la colère. Des jeunes, manifestants exaspérés par la situation sociopolitique, ont affronté les forces de l’ordre. Des heurts qui, une fois encore, rappellent les tensions latentes que le faste des célébrations ne peut occulter.

Deux jeunes, arrêtés au carrefour Cirage, symbolisent cette fracture sociale. Loin des projecteurs du défilé officiel, des vies sont bouleversées, et la rue gronde. Bien que les autorités aient réussi à rétablir la circulation, le climat sur la route Le Prince reste lourd, marqué par la défiance et une peur sourde.

Ainsi, cette commémoration illustre un contraste flagrant : d’un côté, une élite qui célèbre, de l’autre, une jeunesse qui se sent laissée-pour-compte. Les deux Guinées s’observent, mais ne se comprennent pas toujours. La véritable indépendance, celle de l’unité et de la justice sociale, semble encore loin.

Saliou Keita