Cinq mois après l’enlèvement des défenseurs des droits humains Oumar Sylla, alias Foniké Mengué, et Mamadou Billo Bah, le gouvernement guinéen est sous pression. Dans une démarche inédite, les Nations Unies ont lancé un ultimatum de 60 jours pour obtenir des réponses sur leur sort.
Des arrestations sans traces
Dans la nuit du 9 juillet 2024, des témoins rapportent que les deux activistes ont été enlevés à leur domicile par une équipe composée de gendarmes et de militaires. Selon ces mêmes sources, aucun mandat d’arrêt n’a été présenté. Depuis, aucune nouvelle des deux hommes, ni auprès de leurs proches, ni de leurs avocats.
Face à ce silence, l’organisation Tournons La Page (TLP) a sollicité une enquête internationale, alertant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. En réponse, l’instance onusienne a exigé des éclaircissements sur la situation des deux militants, demandant des détails précis sur leur état de santé, les enquêtes menées et les sanctions prévues contre les responsables.
L’ombre du FNDC
Foniké Mengué et Billo Bah étaient des figures de proue du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), un collectif citoyen farouchement opposé au troisième mandat d’Alpha Condé en 2020. Dissout par décret en 2022, le FNDC continue d’être perçu par le gouvernement comme une menace, une posture qui expliquerait selon certains observateurs l’intensification des répressions contre ses membres.
Un ultimatum qui marque les esprits
Dans une lettre adressée au gouvernement guinéen, l’ONU a rappelé les obligations internationales de la Guinée en matière de droits humains, notamment l’interdiction des disparitions forcées. « Ces pratiques constituent une grave violation des droits fondamentaux, y compris le droit à la vie, à la liberté et à la reconnaissance juridique », précise le document.
L’organisation internationale exige que les résultats des enquêtes soient rendus publics sous deux mois, avertissant que l’absence de coopération pourrait entraîner des conséquences diplomatiques et juridiques.
Un silence accablant
Malgré plusieurs communications adressées par les Nations Unies depuis 2021 sur des cas similaires impliquant des membres du FNDC, le gouvernement guinéen n’a jusqu’ici fourni aucune réponse. Cette nouvelle injonction internationale pourrait toutefois intensifier la pression, à l’heure où la Guinée cherche à redorer son image sur la scène internationale.
L’issue de cet ultimatum reste incertaine, mais la disparition de Foniké Mengué et Billo Bah symbolise une crise des droits humains qui continue de ternir l’avenir démocratique du pays.
Algassimou L Diallo