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Le responsable d’un site d’information guinéen, critique de la junte au pouvoir, a été arrêté le 3 décembre au soir à Conakry par des hommes en tenue militaire, ont indiqué un syndicat de presse et un collectif d’avocats.

Habib Marouane Camara, administrateur du site Lerevelateur224, « a été kidnappé par des gendarmes mardi aux environs de 20 heures à Lambanyi », dans la banlieue de Conakry, a déclaré le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) dans un communiqué en date du 3 décembre au soir.

De son côté, un collectif d’avocats de Habib Marouane Camara a affirmé le lendemain avoir « appris avec désolation son interpellation musclée dans la soirée du mardi 3 décembre par un groupe de gendarmes ». Il dénonce « un enlèvement » et « exige sa remise en liberté ».

Depuis l’arrestation du journaliste, dit ce collectif, ses avocats, « sa famille et ses proches ignorent totalement les motifs et le lieu de sa séquestration ». « Mon mari a été arrêté », a écrit l’épouse de Habib Marouane Camara sur Facebook, sans plus de détails.

On ignore pour le moment les raisons de l’arrestation du journaliste. Jointes au téléphone mercredi par l’AFP, les autorités ont affirmé ne pas en être informées.

Rencontre avec Amadou Bah Oury

Habib Marouane Camara se rendait mardi à un rendez-vous avec un homme d’affaires quand un pick-up de la gendarmerie a dépassé son véhicule. « Ses assaillants ont cassé le pare-brise de sa voiture avant de l’en extirper de force pour une destination inconnue », dit le SPPG. Ce syndicat « condamne fermement ce kidnapping » et « exige » sa libération, dans son communiqué.

Le SPPG indique par ailleurs avoir rencontré mercredi le Premier ministre Amadou Bah Oury et lui « avoir exprimé [ses] inquiétudes et celles de la famille » du journaliste Camara.

En réponse au SPPG, le chef du gouvernement guinéen a mercredi prôné « l’attachement du gouvernement à la préservation de la liberté de presse ». « Prenez toujours en compte le contexte de fragilité du pays. Un seul mot, mal placé, peut mettre le feu aux poudres », a déclaré Bah Oury au syndicat, selon ce communiqué qui ne mentionne pas le cas du journaliste arrêté.

Multiplication des arrestations

L’arrestation du journaliste survient au moment où le gouvernement dominé par les militaires a menacé mardi d’arrestation ceux qui publieraient des informations non vérifiées ou « susceptibles de troubler l’ordre public » sur la mort de plusieurs dizaines de supporteurs de foot dans un mouvement de foule dimanche.

Elle est la dernière en date d’une longue série dans un contexte de restrictions sévères des libertés par la junte dirigée par le général Mamadi Doumbouya qui a renversé le président civil Alpha Condé en 2021. Elle a fait arrêter ou poursuivre de nombreux opposants, ou les a poussés à l’exil, depuis son avènement.

L’organisation Human Rights Watch a dénoncé lundi une répression de l’opposition et des médias par les militaires. De son côté, Reporters Sans Frontières « appelle les autorités guinéennes à faire toute la lumière sur cet “enlèvement” et appelle à la libération immédiate du journaliste ».

Deux opposants au régime, Mamadou Billo Bah et Foniké Menguè, sont portés disparus depuis leur arrestation par des gendarmes en juillet. Par ailleurs, deux officiers, dont l’ancien chef d’état-major de l’armée et ex-numéro deux du régime militaire, Sadiba Koulibaly, et un médecin sont morts dans des circonstances obscures après leur arrestation ces derniers mois. Le 17 octobre, c’était au tour de l’ancien secrétaire général du ministère des Mines, Saadou Nimaga, de disparaître à Conakry.

(Avec AFP)