Cinq jours. Cinq jours se sont écoulés depuis la tragédie de N’zérékoré, qui a ôté la vie à 56 personnes selon le gouvernement, et à 135 d’après les organisations de défense des droits humains. Pourtant, le général Mamadi Doumbouya, chef de la transition, reste muré dans un silence qui interroge, voire inquiète. Pas un mot direct au peuple, pas de geste fort pour apaiser une nation meurtrie.
Certes, des déclarations émanant de son gouvernement ont été faites, mais l’absence d’une prise de parole personnelle du président, dans un moment aussi grave, laisse un goût amer. Où est le père de la nation dans cette épreuve ?
La transition, rappelons-le, a pour ambition affichée de restaurer le vivre-ensemble dans une Guinée fracturée. Quoi de plus symbolique, dans un tel contexte, que de voir le chef de l’État se rendre aux côtés des victimes, écouter leurs doléances, partager leur douleur ? Cela aurait été un geste fort, un signal d’unité. Mais à défaut de ce déplacement, un discours officiel adressé à la nation aurait pu montrer une réelle empathie et une volonté de leadership. Au lieu de cela, le président s’est contenté d’un post sur X (anciennement Twitter). Un geste bien maigre face à l’ampleur de la tragédie.
Ce mutisme alimente frustrations et doutes. Comment demander aux citoyens de garder confiance dans une transition qui, à leurs yeux, manque de compassion ? Comment croire en des promesses d’enquêtes, quand celles concernant l’incendie du dépôt d’hydrocarbures à Kaloum, survenu l’an dernier, restent sans suite ?
Le social devait être le premier pilier de cette transition. Mais sans proximité humaine et sans action concrète, ce pilier risque de s’effondrer sous le poids de l’indifférence.
Les familles des victimes attendent justice. Le peuple guinéen, lui, attend des actes. Et le général Doumbouya, en qui beaucoup avaient placé leurs espoirs, doit comprendre que le silence, en politique, est parfois plus lourd de conséquences qu’une parole maladroite.
Alpha Amadou Diallo