Le rapt du journaliste Habib Marouane Camara, survenu le 3 décembre 2024 à Conakry, illustre une dérive autoritaire qui inquiète au plus haut point. Des gendarmes armés, agissant en dehors de tout cadre légal, l’ont violemment interpellé avant de le conduire vers une destination inconnue. Un acte qui en dit long sur l’état des libertés publiques en Guinée.
Les Forces Vives de Guinée (FVG), coalition d’organisations de la société civile et de partis politiques, ont aussitôt dénoncé cette arrestation, la qualifiant de « barbarie » digne d’un régime « allergique à toute critique ». Leur colère est compréhensible. Dans un pays où la liberté d'expression est supposée être un droit fondamental, voir un journaliste réduit au silence par la force est un signal alarmant.
Qu’on se le dise : l’intimidation et la répression ne sauraient étouffer durablement les aspirations à la justice et à la vérité. Habib Marouane Camara, connu pour ses enquêtes incisives, paie visiblement le prix de son audace journalistique. Mais museler la presse ne fera que renforcer l'indignation populaire et ternir davantage l'image d'un pouvoir qui semble préférer les armes aux arguments.
Il est temps que les autorités guinéennes se rappellent qu’un régime fort ne se mesure pas à sa capacité à faire taire ses détracteurs, mais à sa volonté de rendre des comptes et d’accepter la critique. Car, tôt ou tard, la vérité finit toujours par triompher, quelles que soient les tentatives de l’écraser.
Alpha Amadou Diallo