Depuis quelques jours, une vaste opération de sécurisation secoue le Grand Conakry. Sous l'impulsion des forces de police et de gendarmerie, le démantèlement des zones criminogènes bat son plein, dans le cadre d'une réquisition du procureur général de la Cour d’appel de Conakry, FallouDoumbouya.
Les premières actions ont ciblé le centre-ville de Kaloum, en particulier les débarcadères, ces espaces où constructions précaires et activités illicites cohabitaient depuis trop longtemps. Là où régnaient insécurité et angoisse, bulldozers et forces de l’ordre ont fait table rase, promettant de rendre aux citoyens des lieux jusque-là abandonnés à la délinquance.
Le chiffre est glaçant : 440 zones criminogènes recensées dans les 13 communes de Conakry. Une réalité qui témoigne de l’ampleur du défi sécuritaire auquel les autorités font face. Ce n’est pas une simple opération de communication ; c’est une bataille contre une insécurité devenue structurelle.
Pour le procureur général FallouDoumbouya, cette offensive repose sur l’article 41 du Code de procédure pénale, qui confie aux parquets le pouvoir de prévention et de répression des actes criminels. Mais la question demeure : ces actions suffiront-elles à endiguer le phénomène ou ne seront-elles qu’un énième coup d’épée dans l’eau ?
La sécurisation ne peut se limiter à une démonstration de force. Si détruire les repaires de criminels est une première étape nécessaire, elle ne saurait suffire. Un travail de fond s’impose : réinsertion sociale, création d’emplois, lutte contre la pauvreté et renforcement du tissu associatif.
Restaurer l’ordre est une mission noble, mais elle exige bien plus que des bulldozers et des uniformes. C’est à une véritable refondation sécuritaire et sociale que le Grand Conakry doit aspirer, pour que ses quartiers ne soient plus des terrains de chasse pour les criminels, mais des espaces de vie, de paix et de prospérité.
Aziz Camara