Encore un renvoi. Ce mardi 21 janvier 2025, le Tribunal de première instance de Kaloum a, une fois de plus, reporté le procès de Ramatoulaye Kolon Diallo, militante du RPG Arc-en-ciel accusée de diffamation et d’injures via un système informatique contre le chef de l’État. Une situation qui ne fait que renforcer l’impression d’un blocage systématique dans une affaire où la justice semble se chercher.
L’histoire remonte à la semaine dernière, lorsque le procès avait été reporté sur demande du ministère public, prétextant la nécessité d’un délai supplémentaire pour analyser le téléphone de l’accusée, élément clé dans ce dossier. Mais lors de l’audience de ce mardi, le scénario s’est répété. Le procureur a admis que l’exploitation complète de l’appareil n’était toujours pas achevée et a réclamé la collaboration de l’accusée pour avancer.
« Le ministère public est en possession du téléphone de ma cliente depuis plus de quatre mois. Une durée amplement suffisante pour effectuer les vérifications nécessaires. Cela traduit un manque de volonté manifeste à faire avancer ce procès », s’est insurgé Me Mory Doumbouya, avocat de la défense. Une critique qui met en lumière une gestion approximative, voire délibérément dilatoire, de cette affaire.
Face à cette impasse, le tribunal a suspendu l’audience pendant une trentaine de minutes pour des délibérations avec le parquet. Une interruption qui n’a finalement abouti qu’à un nouveau report au jeudi 23 janvier 2025, laissant une fois de plus l’opinion publique perplexe.
Faut-il voir dans ces multiples reports une stratégie pour affaiblir l’accusée ou une incapacité chronique du système judiciaire à gérer les affaires sensibles ? Une chose est sûre : cette affaire, médiatisée à outrance, met en évidence les lacunes d’une justice qui peine à concilier rapidité et équité.
Il est temps pour les autorités judiciaires de faire preuve de clarté et de détermination. La lenteur et l’opacité qui entourent ce procès ne servent ni la justice ni la stabilité politique. En retardant ainsi les décisions, elles alimentent le scepticisme et sapent la confiance des citoyens dans l’institution judiciaire. Cette situation n’a que trop duré. La justice doit agir, et vite, sous peine de renforcer le sentiment d’une équation où les puissants écrasent les faibles au gré de leurs intérêts.
Aziz Camara