Il y a des matins qui réveillent l’horreur. Des jours où l’aube dévoile, dans sa lumière encore timide, l’indicible cruauté du monde. Ce vendredi 7 février 2025, à Dar-es-Salam III, dans la commune de Gbéssia, l’aube a accouché d’un drame. Un crime d’une violence inouïe.
C’est Mohamed Soumah, agent de ramassage des ordures, qui a fait la découverte macabre. Comme chaque matin, il était au travail, balai en main, pelle dans l’autre, prêt à débarrasser la ville de ses déchets. Mais ce jour-là, c’est un autre type d’ordure qu’il a trouvé. Un sac en plastique, jeté sans remords, sans hésitation, dans une poubelle. Une boule étrange, trop lourde pour être anodine. Alors il a ouvert, fouillé… et vu l’impensable.
« J’ai d’abord touché le sac, je me suis demandé ce qu’il contenait… Puis on l’a déchiré, et là… un bras. Un tout petit bras », raconte-t-il, encore sous le choc.
Un bébé. Un petit garçon, à peine venu au monde. Son corps portait encore les traces du sang maternel, son cordon ombilical pendait, preuve cruelle qu’il n’avait même pas eu droit à sa première respiration avant d’être jeté comme un vulgaire détritus.
Alertées, les autorités locales ont accouru. Le chef de quartier a pris en charge le corps, figé dans son destin brisé. Un médecin légiste était attendu, tandis que la ville, elle, continuait de vivre, indifférente, ignorant que son sol venait d’être témoin d’une abomination.
Reste une question, lancinante, insupportable : qui peut en arriver là ? Quelle détresse, quel désespoir ou quelle inhumanité faut-il pour faire taire une vie avant même qu’elle n’ait crié ?
Et surtout, que dira cette ville demain, quand le camion des ordures emportera avec lui les dernières traces de ce drame ? Oubliera-t-on, ou se souviendra-t-on du nouveau-né de la poubelle ?
Algassimou L Diallo