Tandis que dans d’autres pays, les voix religieuses s’élèvent pour défendre la dignité humaine, en Guinée, un silence inquiétant règne parmi les leaders spirituels face aux exactions du régime. Ce mutisme, perçu comme une complicité tacite, fragilise le tissu social et laisse le pays sombrer dans la violence et l'impunité. L'heure est venue pour les religieux de retrouver leur rôle de gardiens de la paix et de la justice.
Tandis que dans d’autres pays, les voix de la foi s’élèvent en défense de la justice et de la dignité, en Guinée, le silence assourdissant des religieux face aux exactions est troublant. Nos lieux de culte, censés être des refuges de paix et de spiritualité, semblent avoir été détournés de leur vocation première. Cette retenue, qui confine à l’indifférence, alimente la violence et fragilise le tissu social.
La paix ne saurait naître sans vérité ni justice. En soutenant, de fait ou de silence, un régime qui bafoue les droits de l’homme, les religieux trahissent leur mission et encouragent l’impunité. Cette attitude, qui s’apparente à une complicité, a des conséquences désastreuses pour l’ensemble de la société.
En effet, lorsque ceux qui sont censés incarner les valeurs morales se taisent face au mal, cela alimente la violence et la division. Le rôle des leaders religieux est crucial dans la construction d’une société juste et équitable. Ils sont appelés à être les gardiens de la conscience collective et à dénoncer les injustices, quelles qu’elles soient. Or, en choisissant la neutralité, ils perdent toute crédibilité et affaiblissent leur influence sur la société.
Paradoxalement, chaque fois que les Guinéens se sont organisés pour se faire entendre, ils ont démontré leur capacité à prôner la paix et l’entente. Cette contradiction entre l’action citoyenne et le silence religieux crée une dissonance qui alimente la suspicion. On pourrait presque y voir une forme de manipulation, où les élites religieuses seraient complices d’un système qui cherche à maintenir le peuple dans la soumission.
Les conséquences de ce silence sont multiples et graves. Tout d’abord, il légitime la violence et encourage les oppresseurs à persévérer dans leurs agissements. Ensuite, il désespère les populations qui se sentent abandonnées par leurs guides spirituels. Enfin, il contribue à la radicalisation d’une partie de la jeunesse qui ne trouve plus de repères dans une société où les valeurs morales semblent avoir disparu.
Il est impératif que les religieux retrouvent leur voix et s’engagent activement dans la lutte pour la justice et la réconciliation. Leur silence est un luxe que la Guinée ne peut plus s’offrir. L’avenir de notre pays en dépend.
Souleymane Souza KONATE, Président de la Commission Communication de l’ANAD et Conseiller Chargé de Communication du Président de l’UFDG.