Le président Alpha Condé a gracié ce lundi 31 décembre, à l’occasion de la nouvelle année 2019, madame Fatou Badiar, condamnée en juillet 2013 dans la fameuse histoire d'attaque en 2011 de son domicile privé sis à Kipé, en banlieue de Conakry.
Ses codétenus Almamy Aguibou Diallo et Mamadou Alpha Diallo ont été aussi graciés. Tous les trois avaient été condamnés à 15 ans de réclusion avant que cette condamnation soit cassée par la Cour suprême.
Une remise totale de peine a été aussi accordée à 219 autres condamnés dont Daniel Doré, Alamine Baldé et Mamadou Koumbassa.
Le commandant Alpha Oumar Diallo dit AOB, présenté comme le cerveau de l’attaque du 19 juillet 2011, condamné à perpétuité, ainsi que l’officier Jean Guilavogui, restent en prison.
Un non-évènement juridique
La condamnation de Fatou Badiar et cie avait été cassée par la Cour suprême. Juridiquement, ils sont innocents jusqu'à preuve du contraire. Leur jugement devrait reprendre afin de situer leur responsabilité dans cette supposée attaque.
Il est vrai que le président, de surcroît professeur de droit, considère que cette grâce présidentielle est une remise de peine et un exploit, mais tel est loin d'être le cas. Car gracier des présumés innocents s'apparente à un non-non-événement du point de vue juridique.
Plus grave, le président met un terme à une procédure judiciaire en cours, ce qui est une immixtion dans une affaire judiciaire et donc une violation du principe de séparation des pouvoirs.
Somme toute, l'écrasante majorité des guinéens approuvent cette libération, en considérant Fatou Badiar et cie comme des prisonniers personnels d'Alpha Condé. Comme le diraient-ils, tout est bien qui finit bien.
Karim Bah