L’avènement du candidat « unique du Rpg Arc-en-ciel à Matoto » Mamadouba Tos Camara a matérialisé jeudi 7 février 2019 la victoire du ministre général Bouréma Condé qui avait reçu l’autorisation de s’opposer à l’élection du candidat de l’Ufdg l’honorable Kalémodou Yansané. Ce jour-là, même sans l’admission en salle de vote des médias et des téléphones portables, la seule élection qui valait la peine d’être organisée était celle devant mettre en lice les vices-maires. Un scrutin remporté avec brio par le candidat Sakoba Keita qui devient le Premier vice-maire de Matoto. Il est issu des rangs de l’Ufr. Ce parti dirigé par l’ancien Pre-mier ministre sous le général Conté et ex-Haut représentant du chef de l’Etat sous Alpha Condé a aussi remporté l’élection de 5e vice maire, poste qui revient à Elhadj Bafodé Dramé. Ce qui lui met en pole position dans la gestion de cette plus grande commune de Guinée.
Exit l’élu de l’Ufdg
Les candidats de l’Ufdg la principale formation politique de l’opposition au régime Alpha Condé ont boycotté la reprise de l’élection du maire programmé par le général Bouréma Condé ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation. L’honorable Yansané de l’Ufdg avait été élu suivant le scrutin organisé le 15 décembre 2018 puis annulé le même jour pour cause d’incidents. Matoto, la plus grande municipalité de Conakry et du pays, sera finalement dirigée par l’homme d’affaires Tos Camara du Rpg Arc-en-ciel au pouvoir.
Réactions
Pas de surprise à l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg). Un an après les municipales du 4 février 2018 dont les élus peinent à être installés à travers le pays. Ici, l’ambiance n’est pas à la joie comme au Rpg Arc-en-ciel. L’atmosphère est plutôt à la préparation des échéances législatives et présidentielles.
Loin du siège de l’Ufdg, le principal concerné Kalémodou Yansané adresse une invite à la paix, dans un discours devant ses partisans et les médias. «Je m’adresse aussi aux militants de l’Ufdg et aussi à la presse qui a couvert le 15 décembre 2018, l’élection de l’exécutif communal de Matoto, cette presse qui a été la première à annoncer que Kalémodou Yansané a gagné. (...)Ceux qui sont là, c’est sûr, ce ne sont pas seulement des éléments de l’Ufdg. Je vous remercie pour cette mobilisation et je vous invite à la paix. Ne provoquez personne !».
Au parti Force des intègres pour la démocratie et la liberté (Fidel), le président Mohamed Lamine Kaba estime qu’à Matoto il y a eu un « gangstérisme électoral » qui a pour conséquences l’ « affaissement de la démocratie » et « la banalisation de la souveraineté des électeurs ».
Le président Kaba affirme haut et fort que «L’élection du bureau exécutif de la Commune urbaine de Matoto a connu plusieurs tricheries ».
Il donne les preuves, en ces termes : « Premièrement, irruption d’un quidam à la solde du Rpg Arc-en-ciel à déchirer les bulletins était le début d’une certaine conspiration. Pourtant et selon plusieurs décompte et vidéo qui circule, c’est bien la victoire de l’honorable Kalémoudou Yansané de l’Ufdg. Deuxièmement, le superviseur qui a le devoir de déclarer et installer le candidat victorieux a failli à son devoir. Troisièmement, cette reprise convoquée par le secrétaire communal est une violation de l’article 133 du Code des collectivités locales. Il stipule que « la Session pour l’élection de l’exécutif du conseil communal est convoquée par arrêté de l’autorité de tutelle». Comme cerise sur le gâteau, cette armada de militaires et paramilitaires déployée aux alentours de la maire et l’inaccessibilité aux médias est bien propre au gangstérisme électoral, d’un affaissement de la démocratie et une banalisation de la souveraineté des électeurs. Pourtant le peuple de Guinée a consenti d’énormes sacrifices pour ne plus revenir à la case de départ.»
Notons que la veille de la formalisation de l’élection du nouveau maire Mamadouba Tos Camara, le président de la délégation spéciale de la commune de Matoto, Mohamed Koumandian Keita issu des rangs du parti au pouvoir, a rendu l’âme dans la soirée du mercredi 6 février 2019 à Conakry.
Par Le Populaire