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 La commission électorale nationale indépendante (CENI), de par notre constitution, est l’institution qui organise et supervise toutes les élections dans notre pays. Elle a été créée suite à l’incapacité du ministère de l’administration du territoire d’offrir à notre pays des élections libres, crédibles, inclusives et transparentes.

Pour pallier au déficit de confiance entre les acteurs, notamment politiques, dans la composition de l’institution, les acteurs se sont entendus sur la présence au sein de l’organisation de chaque mouvance (majorité au pouvoir et opposition).

Depuis 2010, la CENI a organisé toutes les élections qui sont au nombre de cinq (deux tours en 2010) et, à partir de là, responsabilité oblige, l’on devrait s’arrêter un moment pour dresser le bilan à mi-parcours de l’institution mais surtout sur sa façon de conduire les différentes opérations des processus électoraux.

Il est clair que pour organiser une élection crédible et transparente, il faut l’implication des acteurs concernés à toutes les étapes du processus. Cette implication doit se traduire par des séances d’informations, de réunions et de consultations avant, pendant et après chaque activité importante pour éviter toute suspicion par rapport aux décisions que l’institution est emmenée à prendre.

 Cela est fondamental.

Qui mieux placé pour le savoir que cette CENI nouvellement installée ?

L’autre condition pour l’organisation d’une élection dont les résultats seront acceptés de tous, est l’existence d’un fichier électoral assaini. Or, comme l’avait dénoncé l’opposition, le rapport d’audit commandité par le gouvernement suite aux recommandations du comité de suivi des résultats du dernier dialogue politique, vient confirmer les nombreuses anomalies qui ne permettent pas d’avoir une visibilité claire notamment sur le nombre d’électeurs réels, des personnes décédées, des mineurs et celui des possibles doublons qui y figurent.

En bref, l’on peut dire sans risque de nous tromper que nous n’avons pas de fichier électoral crédible.

Pour corriger ces anomalies, l’équipe d’experts a formulé des recommandations. Si celles-ci sont mises en application, elles permettraient à notre pays de disposer d’un fichier électoral acceptable pour des élections apaisées.

Il est important de rappeler que ce travail d’audit réalisé par des experts internationaux indépendants a coûté plusieurs millions de nos francs au trésor public guinéen.

Dans l’optique de l’organisation des élections législatives prochaines, la CENI devrait recruter par appel d’offres ouvert un cabinet d’ingénierie qui proposera notre pays une solution de gestion du fichier, puis d’un opérateur technique dans des conditions de transparence pour mettre en œuvre certaines des recommandations de l’audit.

Et pour cela, comme mentionné ci-haut, elle devait non seulement obéir aux conditions de passation des marchés publics mais aussi, pour éviter tout soupçon de corruption, ouvrir l’appel à toutes les entreprises qui évoluent dans ce domaine pour leur permettre de faire des offres.

Malheureusement, comme par le passé, la CENI a procédé au lancement d’une consultation restreinte présélectionnant elle-même sept (7) entreprises qui avaient le droit de soumissionner pour seulement 15 jours (lettre signée le 17 Mai et date limite le 31 Mai).

Cet appel d’offres viole les règles de passation des marchés publics.

En effet, le code de marché public exige un minimum de 45 jours pour lancer un appel d’offres international.

Pour le ramener à 30 jours il faut une demande adressée au ministre de l’économie et des finances et que ce dernier l’autorise expressément.

A partir de là, l’on est en droit de nous poser certaines questions sur cette attitude de la CENI :

1- Pourquoi la CENI a-t-elle exigé des offres en 15 jours au lieu de 45 jours ?

2- Est-ce une façon d’éliminer des entreprises internationales sérieuses qui ont besoin de plus de temps pour soumissionner ?

3- Est-ce pour favoriser des soumissionnaires qui ont déjà leurs offres prêtes car bénéficiant de largesses et d’informations de certains commissaires de la CENI ?

En outre, d’autres questions à se poser sont :

• pourquoi la CENI a privilégié une consultation restreinte en lieu et place d’un appel d’offres ouvert ?

• Le ministère de l’économie et des finances a-t-il autorisé cela ?   Car elle doit obligatoirement autoriser la CENI pour que cette dernière opte pour cette procédure.

Selon les informations qui sont en ma disposition et provenant de plusieurs sources sûres, la liste des entreprises short-listées n’a pas fait objet de débat et de validation en plénière de la CENI.

Or, c’est l’instance suprême de prise de décision au sein de l’institution électorale conformément à la loi portant création, organisation et fonctionnement de la CENI en vigueur. D’autres questions qu’on est en droit de se poser aussi sont de savoir :

     6- Comment la liste des entreprises a été constituée ?

• Qui a alors choisi ces entreprises et sur quels critères ?

Il est clair qu’avec cette attitude, la Commission Électorale Nationale Indépendante, pour cette opération extrêmement sensible a choisi d’évoluer solitairement en écartant une à une toutes les conditions d’organisation d’élections libres, crédibles, transparentes et inclusives dans notre pays.

Elle a choisi le même chemin qui nous a conduit entre 2011 et 2012 au tripatouillage de notre fichier électoral par le recrutement de la manière la plus obscure d’un opérateur qui s’est chargé de nous concocter un fichier taillé sur mesure à l’avantage du parti au pouvoir.

Albert Einstein disait «la folie, c’est de faire à chaque fois la même chose et, de s’attendre à un résultat différent ».

L’argument selon lequel, il faut aller très vite à cause de l’expiration du mandat des députés ne tient pas et il faut rappeler que la plupart des crises dans les pays africains sont issues d’organisations d’élections bafouées.

Les acteurs politiques et sociaux devraient se lever et s’organiser pour, non seulement dénoncer ces faits mais aussi, pour bloquer la CENI dans cette démarche qui n’honore pas notre pays.

Le président de la CENI peut encore s’il le souhaite, revenir en arrière pour respecter toutes règles en la matière et, pour une fois, offrir au peuple de Guinée, qui le prend en charge lui et les autres membres de son institution, une élection qui ne souffre d’aucune contestation.

A bon entendeur salut !!!

Thierno Boubacar Baldé

 Président du Conseil National des Jeunes et

de la Commission en charge des questions

Électorales du Bloc Libéral