Assign modules on offcanvas module position to make them visible in the sidebar.

Testimonials

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Sandro Rosell
FC Barcelona President

Nous avons 903 invités et aucun membre en ligne

Note utilisateur: 0 / 5

Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Mamadou Dian Baldé, journaliste et éditorialiste perçoit dans  le récent  discours du chef de l’État, une stratégie visant à se défausser sur son Premier ministre qui va jouer les « fusibles », dans la mise en œuvre du fameux projet de changement constitutionnel. Comme cela est enseigné dans les Lois du pouvoir. ‘’Ne jamais se salir  les mains, tant qu’un tiers  peut effectuer la besogne…’’ 

Talibé Barry: Bonjour Mamadou Dian. Le président Alpha Condé s’est finalement prononcé sur son projet de changement constitutionnel. Pour vous le chef de l’État, en fin stratège veut garder les « mains propres », en ayant recours au service de son Premier ministre ?  

Mamadou Dian Baldé: Pour ce qui est de la mise en œuvre du fameux projet de changement constitutionnel, le président de la République mise sur son Premier ministre pour faire le boulot à sa place. Dr Kassory Fofana désigné pour mener  des consultations avec les différents courants de notre société va servir de fusible au chef de l’État, qui pourrait garder ainsi les « mains propres » en cas d’échec de ce saut vers l’inconnu. Le Premier ministre n’est certes pas à plaindre dans l’exécution de ce pensum. Lui  qui s’est dit déjà favorable à l’adoption d’une nouvelle constitution. Donc plus royaliste que le Roi.

C’est dire qu’il va remplir sa mission de consultations des institutions républicaines et autres partis politiques et syndicats, avec empressement. Même si à ce niveau le fait que certains acteurs politiques l’aient aussitôt récusé mette un bémol à cette annonce.    

A propos toujours de cette sortie, certains observateurs trouvent que le  président n’est pas sorti de l’ambiguïté. Contrairement à ses zélateurs qui eux ont déjà annoncé les couleurs, le président pour aborder la délicate question de changement constitutionnel, a usé  d’un discours plutôt  bridé. 

C’est ainsi qu’il reconnait que « la Guinée n’est plus la même avec l’éveil des consciences et toutes les mutations intervenues dans la société. Et qu’il est légitime alors, que chacun se demande où on va, comment aborder les enjeux et défis des temps nouveaux. »

Pour trancher donc dans le débat qui agite les sphères politiques, il dit se donner ‘’le devoir d’écouter tout le monde.’’ C’est en ce sens que des instructions ont été données au  Premier Ministre Kassory Fofana ‘’d’initier des consultations avec les institutions de la République, les partis politiques, les syndicats, les organisations de la société civile pour recueillir les avis des uns et des autres dans un échange ouvert sur les différentes questions pour que le débat porte sur les arguments et les recommandations. Car selon Alpha Condé tout sujet peut être discuté dans une démocratie.’’

On sent que le chef de l’Etat joue sur du velours, face à ce projet qui déchaîne les passions.

Dans la même lancée, il flatte son bilan en mettant en exergue les performances économiques enregistrées par la Guinée depuis son avènement aux affaires, sous la  réserve des institutions de Bretton Woods.  

Il s’enorgueillit du fait que son pays a retrouvé sa place dans le concert des Nations. A l’entendre, la  diplomatie d’opérette qui a prévalu sous la deuxième république, n’est plus qu’un lointain souvenir.

Le chef de l’Etat prétend aussi que notre ‘’pays est sur la bonne voie’’ vu ‘’les efforts entrepris dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, des mines et plus récemment dans les collectivités locales à travers l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC).’’

Comme pour dire qu’on n’est toujours pas dans le pays de cocagne qu’il nous avait fait miroiter, à son élection en 2010. Où tout serait en abondance.

Une élection peut en cacher une autre

C’est comme si le fait de vouloir organiser enfin les élections législatives entre dans le chapitre des jeux politiques, vous le dites M. Dian ?

Cela peut bien cacher des desseins quand on sait qu’en politique tous les coups sont permis. Le président de la République s’est prononcé en faveur de la tenue des élections législatives avant fin 2019. Ce qui sonne comme un rappel à l’ordre fait à la Commission Nationale Electorale Indépendante (CENI) de se bouger. Une institution qui jusque-là était en train de louvoyer.     

En exprimant la volonté d’aller aux élections, c’est comme si le pouvoir voudrait jouer sur les deux tableaux. En effet, la campagne poussive en faveur du changement constitutionnel n’étant pas de nature à rassurer, le gouvernement peut miser en attendant sur la tenue des législatives, dans l’espoir d’engranger le maximum de sièges au sein du futur parlement. Au cas où la constitution actuelle ne passerait pas à la trappe. 

Il ne faut pas occulter le désaccord qui entoure cette CENI en sa forme actuelle. Sans oublier le fichier électoral qui compterait des points noirs, non encore expurgés. Entre donc l’expression de la volonté présidentielle et la tenue de ces élections législatives, je dirai qu’il y a loin de la coupe aux lèvres.   

Le FNDC le doigt sur la gâchette

Pour finir vous écrivez que le FNDC veut dorénavant en découdre avec tous ceux qui se lanceront dans ce projet de changement constitutionnel ?

Le FNDC (Front national pour la défense de la constitution) a décidé de passer la surmultipliée en tant que porte-étendard de la lutte anti-troisième mandat. Outre la fréquence de ses sorties médiatiques pour tenter de gagner la bataille de l’opinion, la plateforme rejette la main tendue du président.   

Ce jeudi il s’est fendu d’une déclaration en marge de sa conférence de presse qui s’est déroulée dans l’enceinte de l’université Kofi Annan. Les membres du Front pointent du doigt une sorte d’autisme chez le président. Qui selon eux ne réaliserait pas  que ‘’notre pays est dans une situation très grave. Avec une économie en lambeaux, des infrastructures en décadence, des conditions de vie des populations en détresse, une jeunesse sans emploi en désespérance. Tout cela sur fond de corruption généralisée, de bradage de patrimoines publics, de détournements de deniers de l’Etat, d’enrichissements illicites, d’impunité inédite, de mensonge d’Etat. Un système de gouvernance qui méprise le Peuple et enrichit ses bourreaux.’’

Le FNDC a saisi l’occasion pour rejeter toute ‘’consultation ou discussion autour d’un changement de Constitution.’’

En réitérant sa ferme volonté qu’il ‘’n’y aura pas de référendum’’. 

Dans cette guerre des tranchées, le Front loin de se désagréger, comme cela a été dit par ses détracteurs, a l’air plutôt de se renforcer autour d’un idéal commun qui est celui de freiner les velléités du pouvoir.

Les membres de la plateforme ont sans doute compris qu’il faille jeter aux orties leur égoïsme, s’ils veulent réussir leur combat.   

Mamadou Dian Baldé

Journaliste et éditorialiste