Depuis la chute d'Alpha Condé le 5 septembre 2021, le RPG Arc-en-ciel, ancien parti au pouvoir en Guinée, fait face à une période d’incertitudes. Malgré des défis sans précédent, ses dirigeants revendiquent une foi inébranlable en leur capacité à surmonter l’épreuve, puisant dans une histoire marquée par l’endurance et l’esprit de résistance.
Un parti forgé dans l’adversité
Pour Mohamed Lamine Kamissoko, ancien député et figure centrale du RPG, ce n’est pas la première tempête que traverse son parti. « Le RPG est né dans la clandestinité et a grandi dans l’adversité », martèle-t-il. Une déclaration qui renvoie à une époque où la politique pluraliste était un tabou en Guinée. Pendant près d'une décennie, de 1983 à 1992, le RPG a agi dans l’ombre, bravant les interdictions et la répression des régimes successifs.
La clandestinité, les persécutions et les sacrifices ont laissé une empreinte indélébile sur ce parti, aujourd’hui encore érigé en symbole de résilience. « Il n’existe pas en Guinée un parti ayant autant enduré que le RPG », insiste Kamissoko, évoquant les souffrances des militants, qu'ils soient dans les bureaux de l’administration ou dans les villages les plus reculés.
Alpha Condé : un homme et un symbole
L’histoire du RPG est indissociable de celle de son leader emblématique, Alpha Condé. Son retour en Guinée, en 1991, reste un moment fondateur. Malgré les risques, cet intellectuel exilé décide de revenir dans son pays natal, lançant un appel aux Africains de la diaspora pour qu’ils participent à la démocratisation de leurs nations.
Ce retour n’a pas été sans heurts. Alpha Condé, défiant la peur et les menaces, a choisi de prier publiquement à la grande mosquée Fayçal dès son arrivée. Ce geste, simple mais puissant, a cristallisé l’espoir d’un changement pour ses partisans.
Des années d’épreuves et de solidarité
Le chemin vers le pouvoir n’a cependant pas été un long fleuve tranquille. Les cadres du RPG, perçus comme des fauteurs de troubles par les autorités de l’époque, ont été victimes de licenciements arbitraires, de procès iniques et d’intimidations.
Le cas emblématique reste l’arrestation d’Alpha Condé en 1998, sous l’accusation fallacieuse de préparer une invasion depuis le Libéria. Son procès, marqué par des témoignages incohérents et des accusations sans fondement, n’a fait que renforcer la détermination de ses partisans. « Ce procès, aussi injuste soit-il, a été un tournant. Alpha Condé en est ressorti plus fort », affirme Kamissoko, évoquant la mobilisation nationale et internationale autour de cette figure désormais mythique.
De la victoire au défi de la survie
En 2010, le RPG accède enfin au pouvoir, porté par l’élection de son leader à la présidence. Mais même à la tête de l’État, les défis n’ont jamais cessé. Les accusations, les divisions internes et les crises politiques se sont enchaînées, jusqu’au coup d’État de 2021.
Aujourd’hui, face à une situation incertaine, le RPG Arc-en-ciel mise sur la force de son héritage. « Nous avons été qualifiés de faux leaders, mais nous avons toujours triomphé grâce à notre solidarité », conclut Kamissoko avec optimisme.
Un avenir à reconstruire
Malgré les remous, le RPG semble déterminé à se réinventer sans renier ses racines. Ses militants, héritiers d’une histoire de luttes, portent l’espoir que ce parti, forgé dans l’adversité, saura écrire un nouveau chapitre à la hauteur de sa légende.
À l’heure où la Guinée traverse une transition politique incertaine, le RPG Arc-en-ciel rappelle que la résilience reste l’une de ses armes les plus puissantes.
Alpha Amadou Diallo