Les récents propos d'Alhousseiny Makanera, président du Front national pour le développement (FND), déclarant que le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) serait "mort", n’ont pas tardé à enflammer le débat public. En réaction, Aboubacar Demba Dansoko, figure de proue du bureau politique du RPG Arc-en-ciel, s’est empressé de contredire cette affirmation. Mais derrière cette querelle de mots, c’est toute la complexité du paysage politique guinéen qui se révèle.
Un parti mort ou en pleine mutation ?
Dansoko réfute avec vigueur : « Le RPG n’est jamais mort. » Selon lui, le parti historique n’a pas disparu, mais s’est transformé. Il rappelle que le RPG originel a fusionné avec une quarantaine d’autres formations politiques pour donner naissance au RPG Arc-en-ciel. Une mue, dit-il, mais pas une fin. Cette évolution témoigne d’une volonté d’adaptation à un contexte politique mouvant, mais également d’un désir de fédérer. Pourtant, pour ses détracteurs, cette transition aurait dilué l’identité même du RPG, à tel point que certains en viennent à proclamer sa mort symbolique.
La politique du ventre, un mal persistant
Dans sa réponse, Dansoko va plus loin et dénonce ce qu’il qualifie de « politique du ventre », accusant certains acteurs de privilégier leurs intérêts personnels au détriment des idéaux collectifs. Une pique à peine voilée envers ceux qui, selon lui, naviguent entre alliances opportunistes et silence complice face aux dérives de la transition en cours. Il s’interroge notamment sur l’absence d’inclusivité dans le récent accord entre la junte et la CEDEAO, une mise à l’écart qui reflète les fractures béantes de la scène politique.
Un appel à la responsabilité nationale
Pour Dansoko, l’heure est grave. Il appelle les partis politiques à ne pas céder à l’inertie, mais à assumer leur rôle de contre-pouvoir face à une junte dont les promesses de transition peinent à se concrétiser. Son message est clair : il faut maintenir la pression pour que l’échéance de décembre ne devienne pas une promesse creuse.
Un débat révélateur des tensions politiques
Cette polémique dépasse le simple affrontement verbal entre deux leaders politiques. Elle illustre un malaise plus profond : la difficulté de la classe politique guinéenne à se réinventer dans un contexte de transition incertain. Alors que le pays peine à définir son avenir, ces batailles rhétoriques risquent de détourner l’attention des vrais défis.
La question reste ouverte : le RPG est-il une relique du passé ou le ferment d’un renouveau politique ? Mais une chose est sûre, le temps presse pour une classe politique qui doit choisir entre divisions stériles et responsabilités historiques.
Amadou Diallo