Alors que l’échéance du 1er janvier 2025 approche à grands pas, la transition politique en Guinée demeure enveloppée d’incertitude. L’accord conclu entre le CNRD et la CEDEAO prévoyant un retour à l’ordre constitutionnel semble aujourd’hui plus fragile que jamais. Les tensions persistantes entre la junte militaire et l’opposition annoncent une fin d’année sous haute tension.
Un avertissement sans écho ?
Les Forces vives de Guinée (FVG), regroupement de partis politiques et d’acteurs de la société civile, ont sonné l’alarme : à compter du 1er janvier, elles ne reconnaîtront plus les organes de la transition. Une exigence claire pour un passage immédiat à un régime civil. Pourtant, depuis cette déclaration fracassante du 12 novembre 2024, aucun mouvement de contestation majeur n’a vu le jour.
Ce silence des rues pose une question fondamentale : les FVG ont-elles encore la capacité de mobiliser ? L’absence de soutien populaire visible affaiblit leur posture et risque de reléguer leur menace au rang de rhétorique politique sans impact réel.
Le pouvoir entre fermeté et calculs
Pendant ce temps, le général MamadiDoumbouya et son régime poursuivent leur trajectoire sans donner de signes d’assouplissement. Si ses engagements initiaux de 2021 paraissent aujourd’hui bien loin, une éventuelle candidature à la présidence pourrait devenir une voie stratégique pour légitimer son pouvoir.
L’histoire récente de la Guinée rappelle cependant que ce pari est risqué. Le souvenir de Dadis Camara en 2009, dont les ambitions présidentielles avaient précipité sa chute, reste dans toutes les mémoires. Mais avec une opposition affaiblie et des figures majeures en exil, le pouvoir actuel conserve un contrôle presque total des institutions.
À la croisée des chemins
À moins de trois semaines de l’échéance, la Guinée semble suspendue entre deux trajectoires possibles : le renforcement de l’autorité militaire ou l’émergence d’un véritable rapport de force politique. Le premier scénario renforcerait le statu quo, tandis que le second pourrait ouvrir une nouvelle séquence historique.
Le 1er janvier 2025 sera-t-il une date symbolique ou un tournant décisif ? Tout dépendra de la capacité des acteurs politiques à transformer leurs discours en actions concrètes. La transition civile est-elle encore un objectif atteignable ou s'agit-il d'un mirage servant de levier de négociation ? L’avenir immédiat de la Guinée se joue maintenant, dans l’ombre des stratégies et des rapports de force à venir.
Alpha Amadou Diallo