Lors du congrès de son parti, l’Union des Forces du Changement (UFC), tenu le week-end dernier, Aboubacar Sylla, ancien ministre des Transports sous Alpha Condé, a exprimé sa profonde déception face à la gestion de la transition actuelle en Guinée. Il a dénoncé l’interdiction des activités politiques, l’absence de calendrier électoral clair et le manque de progrès vers un processus démocratique depuis plus de trois ans.
« Depuis trois ans et demi pratiquement, nous sommes dans une situation de déception où les activités politiques sont interdites. Il n’y a aucune visibilité par rapport au calendrier électoral. Or, les partis politiques sont faits pour accéder au pouvoir, et cela passe forcément par des élections », a-t-il déclaré, soulignant la mise en veille forcée des formations politiques du pays.
Des promesses à répétition mais non tenues
Dans son discours, Aboubacar Sylla s’est montré prudent face aux engagements récemment pris par les autorités de la transition. Le président de la République avait annoncé, lors de son discours de nouvel an, l’organisation d’élections en 2025, mais le leader de l’UFC reste sceptique.
« Nous espérons que les promesses de 2025 ne seront pas identiques à celles de 2024, qui n’ont pas été tenues. Nous voulons croire qu’en 2025, les élections auront lieu, à commencer par un référendum pour doter le pays d’une constitution », a-t-il affirmé, tout en insistant sur l’urgence de mettre fin à l’immobilisme actuel.
Un processus électoral au point mort
Le constat d’Aboubacar Sylla est sans appel : aucune base institutionnelle ou logistique nécessaire à l’organisation des élections n’a encore été mise en place. Il a critiqué l’absence d’une constitution, de codes électoraux et administratifs, ainsi que d’un organe chargé de superviser les scrutins, comme la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).
« Aujourd’hui, nous n’avons ni constitution, ni fichier électoral, ni même une structure pour organiser les élections. On parle parfois de confier cette tâche au ministère de l’Administration du territoire, en citant l’exemple sénégalais, mais rien n’a été décidé. Nous sommes dans une incertitude totale », a-t-il alerté.
Le leader de l’UFC a également souligné que l’élaboration d’un fichier électoral et la mise en place de mécanismes pour garantir des scrutins crédibles devraient être des priorités. Il appelle les autorités de la transition à respecter leurs engagements pour permettre au pays de retrouver une trajectoire démocratique.
Un espoir fragile pour 2025
Malgré cette situation, Aboubacar Sylla dit vouloir garder espoir. Il exhorte les autorités à respecter leurs promesses et à faire de 2025 une véritable année électorale. « Nous espérons que cette fois-ci, les engagements pris seront honorés », a-t-il conclu, appelant à une mobilisation nationale pour sortir de cette impasse.
Le discours d’Aboubacar Sylla reflète le sentiment d’impatience et de frustration d’une grande partie de la classe politique guinéenne face à une transition qui peine à tracer une voie claire vers la démocratie.
Amadou Diallo