La parade est-elle terminée pour la junte au pouvoir en Guinée ? À en croire les déclarations du camp de Sidya Touré, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) peine à masquer son déclin dans l'opinion publique. Le constat est sans appel : l'état de grâce semble bel et bien derrière nous.
Lors de l'assemblée générale de l'Union des forces républicaines (UFR) le samedi 8 février, Alia Kolon Bangoura, cadre influent du parti, a fustigé les stratagèmes mis en place par la junte pour tenter de reconquérir le cœur des Guinéens. La récente « marche pour la paix », mise en scène avec faste et soutenue par une distribution massive d'argent, en est une illustration parfaite.
« En réalité, le CNRD n’est plus aimé en Guinée. Quand vous allez à l’intérieur du pays, la pauvreté qui s’abat sur la population est édifiante. Les Guinéens sont épuisés par les difficultés du quotidien », affirme le responsable de l'UFR. Habitué aux trajets vers Boké et Boffa, il dit mesurer la détresse palpable des citoyens, pris dans l'étau d'une précarité grandissante.
Le malaise est d'autant plus profond que, selon lui, les stratégies du CNRD reposent sur une logique de trafic d'influence et de corruption. « Tout ce qu’ils posent aujourd’hui comme actes passent par la distribution d’argent. Or, on ne peut pas acheter l’amour du peuple à coups de billets », martèle-t-il. Une pique qui fait écho à ce qui s'est passé à Kankan, où des sommes importantes auraient été déversées pour fabriquer une adhésion artificielle à la junte.
« On parle d’une marche pour la paix, mais la Guinée n’a jamais connu de guerre ! Pourquoi alors ces démonstrations ? », s'interroge Bangoura, sceptique face à ce qu'il perçoit comme une opération de communication coûteuse et vide de sens. En filigrane, une question plus lourde se pose : combien de temps encore la junte pourra-t-elle s'accrocher à cette illusion de popularité avant d'affronter la réalité du terrain ?
Saliou Keita